mercredi 9 septembre 2015

Quand les médias pêtent une durite...

On savait que les médias disent n'importe quoi... Ou plutôt on s'en doutait... mais souvent c'est difficile à démontrer parce que le sujet qui les occupe, nous on y connaît rien... la bourse, les courses, la météo...
Bon, là l'abstraction, Anish Kapoor on y connait un peu, pas tout mais un peu... quand même !
MAIS, regardez sur le Monde.fr une vidéo où Anish Kapoor ému, découvre son oeuvre taggée... voici la saisie d'écran du titre de la video effectuée le 9 Septembre 2015 à 21h.... 


Si c'était pas triste cela serait drôle !  dans le Monde... le Journal de l'intelligentsia française... !

Mais là où cela se corse c'est avec Raphaël Enthoven qui fait un billet de 1 minute tous les matins "La Morale de l'Info" sur Europe 1....  Il reproche à Anish Kapoor de ne pas faire nettoyer les tags crétins et donc, de porter le message antisémite, transformant le statut de l'oeuvre d'art en message moral s'y opposant, ce que dans un jeu de mot foireux.. Enthoven appelle l'étendard... Ici pour écouter..
Saisiie d'écran du 9/10/2015 sur le site d'Europe 1










Ce qui est le plus étonnant c'est la méconnaissance totale de la nature de l'oeuvre d'art de ses modalités, de sa mostration dont fait preuve Enthoven. Enthoven est une tête bien faite, on n'en discute pas, c'est un pur produit de la culture française, agrégé de philo, mais qui n'a aucune connaissance sur les Arts Plastiques et les Images... A ce point là c'est phénoménal... Trop beau pour être vrai en une minute il oppose le beau et le symbole, et en arrive à nier à Anish Kapoor le droit de faire une oeuvre politique et morale, ce que Kapoor appelle "un mémorial à notre honte" ?

Mais "Dirty Corner" est une oeuvre politique depuis le début, une réflexion symbolique et sémiotique ouverte sur Versailles, la distribution du dessin des jardins, les signes et les codes du château, les événements historiques qui s'y sont passés... La révolution.... Kapoor ouvre une réflexion, un dialogue qui lui est refusé par quelques abrutis anglophobes. Kapoor cherche à savoir ce qu'il y a sous la plate-bande en digne héritier de Diderot, de Hobbes et de Freud.

Mais au lieu d'expliquer simplement ce que fait Kapoor, Enthoven qui n'y entend rien refuse à l'oeuvre d'art d'être un étendard moral. Un étendard : la première catégorie des images dans la classification grecque de la peinture... Là il faut le faire ! L'étendard c'est un drapeau, un signe qui indique le chemin... La liberté guidant le peuple, par exemple...mais ça Raphael Enthoven en a jamais entendu parlé... Anish Kapoor si !

NB: On apprend ce soir qu'un conseiller municipal divers droite de Versailles à porter plainte contre Anish Kapoor et l'établissement du Château pour incitation à la haine raciale, pour ne pas avoir fait nettoyer la sculpture... Il est dans la logique exprimée par Enthoven. C'est extraordinaire comment la méconnaissance du langage des Arts Plastiques, de la Sculpture, de la Peinture est à l'oeuvre de toute part ... 


NBbis: 10/09/2015 - L'oeuvre semble avoir été taggé en rose en plein jour avec un message débile dans un anglais imbitable  comme dirait un polytechnicien... 


Alors de Paris à Versailles,nous disons avec Baudelaire (qui s'y connaissait):
La France traverse une phase de vulgarité,
Paris, centre et rayonnement de bêtise universelle. 

Malgré Molière et Béranger, on n’aurait jamais cru 
que la France irait si grand train dans la voie du progrès. — Questions d’art, terræ ignotæ.