mardi 28 février 2012

Damien Hirst est mort, Boltanski se vend pour 10 euros par mois et de l'abstraction à Beaubourg

Damien Hirst et la galerie Gagosian organisent une exposition des « Spot Paintings », avec une offre marketing alléchante. Le premier visiteur qui fait le tour du monde et arrive le premier à tous les vernissages des Galeries Gagosian de Athenes, Beverly Hills, Londres (Britannia street, et Davies street), Genève, Hong-Kong, Moscou, New York, Paris et Rome  se verra offrir une peinture de l’artiste ! 
Selon le journal New Yorkais Le Village Voice du 18 janvier 2012 : « L'artiste le plus riche au monde (avec 332 millions de dollars de revenus selon le Sunday Times), businessman à plein-temps, collectionneur à temps partiel et quelques fois restaurateur, imitateur de  Barnum, et célèbre membre des Young British Artistes (YBAs), nichée de créateurs arrivée à maturité dans les années 1990, Damien Hirst est mort le 12 janvier dernier à New York des suites d’une diverticulose aiguë provoquée par une spéculation crapuleuse, grossièrement cynique, due à une constipation de l’effort intellectuel pour produire onze expositions de conneries rabâchées et coûteuses. Il avait 46 ans.»

C’est par ces mots que débute la critique acerbe de Christian Viveros-Faune du Village Voice intitulé « In memoriam ». Evidemment la méchanceté comique du canular fonctionne comme la critique de l’exposition itinérante extravagante des 331 « peintures point » (Spot Paintings) :  "The Complete Spot Paintings: 1986–2011" chez Larry Gagosian avec 3 expositions simultanées dans les seules galeries de New York ! Quelques mois avant sa rétrospective à la Tate Modern de Londres (début le 4 Avril) pour les Jeux Olympiques évidemment « l’annonce de sa mort soudaine surprend à la fois fans et critiques »,  puisque Damien Hirst est toujours vivant ! « Sur les 1400 « spot paintings » peintes à l’émail par une armée d’assistants seuls 5 le furent par le maître, il n’y a donc pas grand chose à annoncer sur de telles œuvres « qui sortent d’un cerveau conservé dans le formol ». L’article très drôle est bien envoyé !

A Beaubourg exposition impromptue sur l'abstraction intitulée «Les Mystères de l'Ouest» présentée par l'historien d'art spécialiste de l'abstraction Pascal Rousseau dans le cadre du Nouveau Festival...  qui explique sur le page web du centre  « À partir d'un épisode des Mystères de l'Ouest (1965) où un savant fou transfère des mercenaires dans des tableaux de maître au moyen d'un curieux diapason électromagnétique, une exposition fantaisiste sur l'abstraction comme odyssée spatio-temporelle. Entre quatrième dimension et physique quantique, les géométries abstraites d'hier et d'aujourd'hui inventent l'art de la téléportation.»  RRRondeDieu comme on dit dans Gaston Lagaffe ils auraient pas pu inviter aussi Igor et Grichka, les doubles mentons de l'ORTF !  
Exposition qui se veut cocasse des oeuvres, films et documents de : Claude Bragdon, Robert Breer, Bruce Conner, Alan Crosland Jr., Marcel Duchamp, Oskar Fischinger, Florian et Michaël Quistrebert, Charles Howard Hinton, František Kupka, John McCracken, Ib Melchior, Melvin Moti, Jean Painlevé, Gaston de Pawlowski, Maï Thu Perret, Christian Sampson, Fred Vaësen. 
"Tu dis Igor ?" " Qu'est ce qui faut pas faire, pour faire une exposition sur l'abstraction !»  "Non c'est moi Grichka !"" eh oui Igor ! Beaubourg est fatigué...»,  "Tu dis Grichka ?", "C'est une exposition épatante, Igor". "Ils sont à l'hopital, Grichka", "ils regardent "les Mystères de l'Ouest". Et encore Igor, y dort !! Merci Grichka ! 
En attendant que Beaubourg nous présente l'expressionnisme allemand avec Derrick, pour la téléportation,  il y a Youtube et donc  voici le générique (dit culte) de cette série (désuéte) pour samedis après-midis fatigués des années 1970, avec Garcimore (ça-marche-pas !) ou pour programmes d'occasion de chaine câblée... ou deux cow-boys très élégants et raffinés aux vestes cintrées campera et pantalons moulants vivent ensemble dans un wagon des aventures ... 




Si Damien Hirst est mort, Beaubourg transformé en hôpital, Christian Boltanski paraît mal en point. Il propose aux internautes d’acheter pour 10 euros par mois dix vidéos de 1 minute chaque de sa vie. Soit 120 vidéos par an pour 120 Euros. Sur le site artnet, il explique son projet warholien « Storage Memory » un site par abonnement où il vend 1 euro sa minute de vie. Il envoie aux abonnés des films intimes. Les heureux internautes abonnés recevront à la fin « une sorte de certificat montrant que cela constitue une œuvre ».
Kesako ce certificat? Il semble que Boltanski vive encore à l’air du minitel… Pourquoi a-t-il besoin d’un certificat ? Pour prouver que l’œuvre est constitué ? L’internaute abonné aura-t-il le droit de diffuser à son plaisir l’œuvre sur le web, de la partager ? Ou s’agit-il d’en interdire la diffusion ? S’agit-il de demander à des institutions, Fracs, Musée, Galerie une redevance de 120 Euros pour diffuser ses films ?
On aurait envie de lui conseiller de lire l’œuvre de Edmond Couchot : « L’Art Numérique, comment la technologie vient au monde l’art ». Théoricien de l’art Couchot fut un des premiers à théoriser la gratuité des échanges artistiques sur le Web dès les années 80 pour la raison que dans le monde numérique, le message transmis ne subit aucune déperdition entre l’émission et le réception (la copie est l’original !), ce qui n’était pas le cas n’en déplaise à Walter Benjamin dans le monde analogique où la copie n’est pas l’original, même pour la Joconde du Prado !



En attendant à 1 euro la minute de vie-Boltanski, cela fait 60 euros l’heure, 420 euros la nuit, 1440 euros la journée, 525600 euros l’année pour 4380 abonnés, au delà faut revendre deux fois les mêmes minutes de vie… Le calcul de Hirst semble cependant plus rentable, 1400 tableaux à 150000 euros pièce donne 210 millions d’euros ! Hirst 1 : Boltanki 0 ! Bon c’est vrai il faut aussi retirer les frais annexes salaires des assistants et honoraires de la galerie. 

(NB : La video promotionelle de Christian Boltanski  est produite par StudioArtnet)

mardi 21 février 2012

3/4 - Wiki-Histoire des Réalités Nouvelles - La permanence de l’Abstraction

- ¾  La permanence de l’Abstraction  (1981-2000)
Par Erik Levesque

À partir de 1980 sous l’impulsion de Jacques Busse (président de 1981-1994), le salon devient un lieu dédié à « la Permanence de l’Abstraction », comme un lieu de stabilisation, de passage, de découverte et de rencontre au risque d’un devenir musée. Les statuts de l’association sont rénovés. Jacques Busse insiste beaucoup sur la défense « catégorielle » des artistes français soit au sein de la FAAP, soit au sein des RN. Après l’élection de Mitterand, le ministère Lang octroie alors une subvention payant la location du lieu ce qui permet au salon de se tenir annuellement.  Dés 1984, le salon propose de participer à la valorisation des artistes des années 50 et de trouver une articulation avec le marché en parallèle avec celui-ci. Il propose aux artistes de cette génération de revenir exposer au salon en accrochant côté à côté un tableau de jeunesse des années 50 et un tableau des années 80 des mêmes artistes. L’action sera efficace et le salon commence à organiser son territoire avec vente aux enchères ou lien renforcé avec des galeries. 

Dans sa préface au catalogue de 1984 intitulé « Presque le bonheur ! » Jacques Busse remercie chaleureusement la FAAP et ses membres dont Mac Avoy et Yves Brayer. Il ajoute : « Donc nous nous réjouissons bien haut de pouvoir aujourd’hui remercier les responsables gouvernementaux de la culture, d’avoir porté leur regard sur nos viviers ». S’amusant du mot de Jack Lang « on ne cultive pas les artistes comme des légumes », Busse file la métaphore : « Il n’y a pas qu’un seul terreau sélectionné, d’appellation Beaubourg, qui convienne à cette culture. Le terreau sélectionné Beaubourg est en effet parfaitement adapté aux orchidées du moment, même si parfois, comme dans les grandes surfaces, on y trouve des orchidées à bas prix ». On le voit les relations, avec l’institution, sont toujours aussi compliquées voir mauvaises. Le comité d’honneur du salon est constitué de 14 membres dont Georges Boudaille, de Pierre Brisset, d’Eugéne Ionesco, le comité d’artiste est constitué de 28 membres dont Abboud, Aksouh, Augereau, Calos, Gemignani, Granier, Planet, Stempfel… Parmi les exposants Philippe Charpentier, Damien Cabanes, Bouqueton, Licata, Messagier, Pelayo, Thibaut de Reimpré, Wakako, Saint Cricq…  A la demande de Jacques Busse, Henri Prosi vient organiser la section de l’abstraction géométrique et lui donner plus d’ampleur. Elle retrouve une section autonome au sein du salon. La sélection des jeunes artistes se tient au café Conti à St Germain des Prés, ou le comité Margerie, Busse, Nallard assis sur une banquette devant une table, voit passer un à un les candidats, tableaux sous le bras qui font image d’Epinal germanopratine, la queue dans la rue de Buci. Les débats internes dans l’association et le salon tournent autour des questions des arts visuels et de leur rapport à la peinture. L’admission de la vidéo et de la photo, des performances étaient rejetées dans le temps du salon. Le salon définissant son champ d’action comme celui d’un collectif et son territoire autour de l’abstraction, de la peinture, de la sculpture et de la gravure suivant en cela les préceptes que Fontené avait énoncé "la peinture en sa spécificité".
Le salon comptait 252 participants en 1980, en 1984 il en compte 372. En 1987, le salon compte 487 exposants dont John Levee, Serge Helias, Dorny, Delmas, Claude Gillet, Chen Zhen, Nino Calos, Erik Levesque, Baron Renouard, Tanguy, Rocher, Perget ou Fernando Lerin…

Le salon se veut alors un musée éphémère dédié à l’abstraction et il se tient en même temps que la FIAC sur les coursives du Grand Palais – pari risqué. Les débats concernent la place des jeunes artistes au sein du salon. Les échanges sont parfois vifs et houleux entre Jacques Busse et la nouvelle génération des Joël Trolliet et Olivier di Pizio ! Cependant conscient des risques liés à la valorisation du passé, le comité tente des ouvertures comme celle d’accueillir par exemple en 1991 une exposition d’enfants autistes. Le salon se tient à l’espace Nesle (82-83), au Grand Palais (1984-1993)… Le prix d’entrée du salon pour le public est en 1988 de 20 frs (3 euros) tarif réduit 10 frs (1,5 euro) et en 1994  de 40 frs (6 euros)  et de 25frs (3,5 euros).

Mais en 1990, lors de deux réunions l’une à la FAAP, l’autre devant le comité des Réalités Nouvelles, Jacques Busse vient annoncer de façon formelle, l’acte de décès du marché de l’art parisien, suite à l’effondrement de la bourse de 1989 et son déplacement vers Londres. Cette annonce semble laisser Busse (par ailleurs rédacteur en chef du Bénézit) perplexe sur l’attitude à adopter. D’une certaine manière ce faire-part clôt son action.
En 1994, Guy Lanoë est nommé président de l’association. Ce codicologue et archiviste, cet ami des peintres (il a bien connu Gaston Chaissac entre autres … ) vient tenter de prolonger l’action du salon et de le sortir de ses querelles intestines ! Son action efficace ouvre une nouvelle période et marque le rétablissement économique du Salon et une nouvelle réception de l’abstraction dans la société. En 2000 une étudiante de Serge Lemoine, est nommée archiviste : Domitille d’Orgeval. Elle présentait sa thèse sur les premières années du salon. Le rôle d’archiviste était tenu auparavant par un membre du comité depuis 1939. Le salon a toujours organisé de manière directe sa propre historicité. Face à la généralisation du phénomène des foires commerciales, le salon devient un lieu de transmission et de questionnement. Il se tient à l’Espace Eiffel-Branly (1994-2000) et à l’Espace Auteuil (2001-2003) avant de rejoindre les serres du Parc Floral de Vincennes.

Publié le 21/02/2012

( à suivre ... 4/4 - Une Wiki-histoire du Salon des Réalités Nouvelles - Esthétique du flux ou se transformer à l’âge d’Internet - depuis 2000)

mardi 7 février 2012

2/4 - Wiki-Histoire du Salon des Réalités Nouvelles – La Transition - 2eme Partie/4 - Décès d'Antoni Tapies - Exposition Alberto Burri

Une Histoire du Salon des Réalités Nouvelles.
par Erik Levesque

2/4 - La Transition

Résumé de l'épisode précédent : né en 1947, et après avoir participé à imposer l'abstraction dans les années 50, le salon des Réalités Nouvelles est remis en question et exclu du Musée d'Art Moderne de la Ville de Paris en 1970.
  
En 1969, le comité « peinture » du Salon publie un manifeste signé de Nallard (qui y expose tous les ans depuis 1948), Chastel, Louttre.B, Debré. Ils y réaffirment la doctrine de Robert Delaunay, de la lumière, des contrastes simultanés. Tout en débutant leur texte par la question du gros plan photographique de la peinture : la question du champ, il se termine par ses mots : « les conflits actuels de civilisation se situant bien moins aux niveaux de la stagnation (anti-traditionelle par nature) et du progrès, qu’ils ne donnent à choisir entre l’évolution ou la rupture, nous retenons la première ». Le comité d’Art Concret par la voix de Luc Peire insiste lui sur les fondamentaux du Salon «abstrait, géométrique » et du cas unique que représente le Salon. Le salon perd une centaine d’exposants entre 1967 et 1969, avec160 sur une cimaise plus étroite. Pour le moins sceptique et incrédule face à la vague des théorisations post-structuralistes et des vocabulaires marxisants des différents « maoïsme » français des années 70, le salon et son association vont se recentrer sur les problématiques de la Peinture et la continuité de l’avant-garde en réponse aux théories de la mort de la peinture en France. En 1971 Le salon s’installe au Parc Floral. Max-Pol Fouchet, un homme de média, critique et écrivain prend la relève de Fontené avec pour comité  Contreras-Brunet, Abboud, Nallard, Louttre B, Peire, Pelayo, Hélias... 
Le siège social de l’Association est  à « La Galerie » rue St André des Arts, lieu que gère Maria Manton et Louis Nallard. Le salon compte 295 participants dont Isabelle Waldberg ou Saturo Sato qui vient inaugurer d’une certaine manière la délégation japonaise qui sera d’année en année plus nombreuse.  
archives RN-IMEC
Les Réalités Nouvelles exposent au parc floral de Vincennes pour la troisième fois du 5 avril au 13 mai 1973, le comité sous la présidence de Fontené et de son vice–président Louis Nallard est composé de Abboud, Adam-Tessier, Bozzolin, Caloe, Hélias, Humair, Lélio, M.A Louttre, Marcel-Petit, Antoine de la Margerie, Jean Miotte, P. Palut et Signovert… L’affiche du salon est réalisé par Nino Calos et Jean Miotte, parmi les exposants Aurélie Nemours, Alan Davie, Olivier Debré, di Sciullo, Le Brocquy, on y voit également les sculptures magnétiques de la californienne Alice Hutchins et …. Eugène Leroy (1910-1999)  dont on trouve l’adresse dans le catalogue : Tourcoing - 53 rue Faidherbe - 59290 – Wasquehal - Peinture à l’huile. Ou encore Rudi Baerwind, grande figure allemande de la résistance antinazie et militant homosexuel qui venait de publier son autobiographie « Ich bin ein Maler und basta… » (Je suis un peintre et basta...).  Du 5 avril au 5 mai aux floralies de Vincennes le salon des Réalités Nouvelles présentait également l’exposition « Haricots, haric, ar » que l’on ne doit pas prononcer « haricot un ricard »,  mais « haric... Art » …. Exposition dédoublée aux rencontres internationales d’art contemporain à la Rochelle du 12 au 21 avril 1973 arts plastiques, 45 peintres rue du temple… Exposition qui partait en tournée en province. Organisé par Hervé Fischer, celui-ci tient à préciser dans la préface, après avoir remercié le comité d’accueillir l’exposition « haricot, hari, ar » qu’il ne songe pas « le moins du monde  à cautionner l’institution du salon ou son contenu, Cela ne nous a d’ailleurs pas été demandé ». (sic) mais il conclue son édito par ses mots « Mais ici dans le parc, le Haricot, c’est l’hygiène du salon ! » re(sic) ! 
Parti de province l’exposition entend démontrer l’impact du travail de Claude Viallat qui publie un court texte théorique post-structuraliste, à l’aune de Support-Surface qui commence par ses mots : « L’histoire de l’art jusqu’à nous a été l’histoire des clivages qu’un type de fonctionnement social a imposé pour affirmer sa mainmise spirituelle, idéologique »…
Le texte de Viallat
Voulant sortir la peinture à l’extérieur de la galerie, du musée, ils souhaitent mettre la peinture dans la rue, le paysage…. On trouve les noms de Bec, Michel Bertrand, Biga, Bohm, Bort,  Bouzat, Da Rocha, Desbouiges, Noel Dolla, FanconyGrandjean, Grataloup, Le Groupe 70 , Le Groupe Texturation, Le Groupe Tournis, Le Groupe Toulouse, Christan Jaccard,  Pascal Mahou,  et de tant d’autres. De cette liste Pascal Mahou est aujourd’hui membre du comité du salon. Les deux catalogues sont une merveille rare du XXe siècle, témoignage d’une époque vintage, le choix de la typo, la rhétorique post-soixante-huit d’un siècle passé… mais ou se croisaient dans une même salon Leroy et Viallat ! 
La page de Pascal Mahou à droite
En 1973 la fréquentation du salon s’établit à 6000 visiteurs ! Pour Fontené la mission du salon est de donner une information a un public le plus large possible, le salon n’a alors aucune subvention: il est un lieu et un temps non commercial, ce qu’il est toujours. Il s’agit pour les artistes de confronter librement son travail à ceux de ses pairs. 

En 1974 Le nombre de d’exposants atteint 546 !  

En 1976, le futur secrétaire des Réalités Nouvelles, Joël Trolliet y expose pour la première fois.

Les œuvres circulent en province Clermont-Ferrand, Billom. En 1976 le maire de Billom écrit dans le catalogue « l’Etat n’est pas là pour diriger l’art mais pour le servir ». Fontené précise le sens de l’abstraction comme celui de la nécessité intérieure, lui donner sa chance et contribuer à la maintenir : La peinture en – sa- spécificité : la peinture nue. En 1978, le critique d’art Giuseppe Marchiori appelle à la nécessité d’affirmer l’universalité de Paris comme centre d’art mondial d’art, centre libre dont le salon des Réalités Nouvelles est le dernier témoignage ! Incapable cependant de rester dans le Parc Floral, Jacques Busse s’interroge dans son éditorial en 1979 « Pourquoi Survivre ? » alors que le salon a lieu au Musée du Luxembourg. Il insiste sur la dimension d’autogestion et démocratique de l’instance du salon à la différence des galeries, Foires d’art ou centres d’art. Mais il regrette aussi que les artistes les plus reconnus n’acceptent plus de prêter leur travail à cause de leurs marchands et de leurs contrats d’exclusivité. 

L’art abstrait triomphe dans les musées et les galeries à travers le monde.

En 1972 la FAAP avait été crée, la Fédération des Associations des Arts Graphiques et Plastiques Assurant la liaison avec les Pouvoirs Publics à laquelle participe Réalités Nouvelles et dont l’archiviste était Jacques Busse. De fait les Réalités Nouvelles étaient les archivistes de la Fédération. Cette fédération est mandatée pour négocier, représenter les artistes auprès des autorités publiques après le désengagement du Musée d’Art Moderne de la Ville de Paris qui abritait les salons jusqu’alors. Il s’agit de trouver de nouveaux lieux d’expositions pour les salons comme la Jeune Peinture, Réalités Nouvelles, le Salon d’Automne, le Trait, Salon des Femmes Artistes, Union des femmes peintres et sculpteurs, Salon Violet, le salon de l’art libre… etc…  travaillant sous la présidence de Mac Avoy, la FAAP avait interrogé, rencontré Bernard Anthonioz, Délégué aux Arts Plastiques du ministère de la culture en de nombreuses occasions, expliquant la situation sociale des artistes, recherchant des solutions, pour trouver un lieu pour les salons. La FAAP est un interface entre les artistes et l’administration de l’Etat qui va au-delà des problèmes des salons. Elle agit,  se mobilise comme dans le cas de l’expulsion d’Antonio Saura, finalement annulée, grâce à la défense de Mac Avoy ou bien dans le cas de la création de la Maison des Artistes. 

Beaubourg à peine sorti de terre, inquiète et comme l’écrit dans un appel le 13 janvier 1977, le Salon de la Jeune Peinture et le Salon des Femmes-Peintres : cette institution « se préparait à rejeter, dans la confusion, le présent et l’avenir de l’art ».
Idée qui allait rester pendant de nombreuses années dans les esprits. En effet à cette date une réunion à Créteil entre Pontus Hulten et Leproux conseiller technique de Françoise Giroud alors secrétaire d’état à la Culture de Valery Giscard d’Estaing et les associations d’artistes s’était fort mal passée … son verbatim n’est même pas connu, tellement il semble confus… ! Le 24 Mars 1977, Edouard Mac Avoy et Jacques Busse ont ainsi rencontré Pontus Hulten, alors directeur de Beaubourg assisté de Eschappasse et Plaquement (sans doute Alfred Pacquement) qui leur avait déclaré qu’il ne souhaitait pas supprimer les salons, mais combler les manques et les lacunes historiques du Musée d’Art Moderne du Centre en achetant en particulier les artistes américains. La porte était ainsi ouverte à AAA qui allait tenir le haut du pavé dans l’institution française d’autant que le marché de l’art avait quitté Paris depuis la crise de 1973.
Verbatim de la rencontre avec Pontus Hulten 
Finalement en 1981, la ville de Paris octroie une subvention aux Réalités Nouvelles. Le salon expose entre autres, Sylvie Fanchon et Licata, Piet Moget, Aurélie Nemours, Albert Feraud, Shirley Jaffe parmi 242 exposants. Le salon est présidé par Jacques Busse et son secrétariat mené par Maria Manton. 1982 le salon  est « itinérant » se passe au Centre d’art Rive Gauche. Idem en 1983 alors que Jacques Busse propose que Réalités Nouvelles s’appellent « Réalités Nouvelles – Permanence de l’Abstraction » et qu’ils se considèrent non plus comme un salon mais comme un collectif. 
Une autre histoire commençait ! 
Publié le 07/02/2013

(à suivre 1980/2000 La Permanence de l'Abstraction )

Décès d'Antoni Tapies (1923-2012) - (RN 1966)

Antoni Tapies en 2010
Le célèbre peintre catalan Antoni Tàpies est décédé à l'age de 88 ans. Débutant sa carrière après la guerre civile espagnole, il est d'abord influencé par le surréalisme, puis après avoir fondé à Barcelone le collectif Dau al Set il monte à Paris dans les années 50 où il découvre la peinture abstraite de la scène parisienne. Son oeuvre matiériste se caractérise par l'utilisation raffiné des textures amples, sablés, torturés en fit une des figures de l'art Informel européen. Célèbre internationalement à partir du milieu des  années 50 ( le magazine américain Life lui consacre un article), Antoni Tapies vivait isolé dans son atelier barcelonais où il constituait une oeuvre ample à base de collage, de peinture, de sculpture, d'écritures, de graffitis et de tags et de divers traitements de l'objet. Antoni Tapies est également l'auteur de livres de théories et de critiques dont "La pratique de l'Art". Son oeuvre à profondément influencé la jeune peinture espagnole des années 80 et 90 comme les peintres José Manuel Broto, Anton Lamazares ou Barcelo, jusqu'à devenir un forme de poncif hispanique.

Alberto Burri à Londres
Oeuvre d'Alberto Burri "Sac et Rouge" de 1954
Les oeuvres matiéristes d'Alberto Burri (RN 1958) sont exposés à Londres (GB) dans la Estorick Collection pour sa première rétrospective anglaise. Alberto Burri participa trés réguliérement au Salon des Réalités Nouvelles, où il exposait une oeuvre matiériste qui a profondément influencé l'Arte Povera.