" Des plans se confondent, se rythment en apparitions qui disparaissent et nous entrainent vers un questionnement. Des états d’âme se cachent, jaillissent, se révèlent par transparence. Ou avec évidence. Le regard aime se perdre dans cette densité par un cheminement intérieur propre où la toile réfléchit, se réfléchit, dialogue pour retrouver l’unité face aux contradictions.
A l'aube d'une pluie boréale |
François Réau (RN 2012) joue d'une palette réduite presque monochrome. Son oeuvre faite de dessins épurés en filigranes à la mine de plomb, graphite et à la craie grasse forment une écriture acérée qui semble bouger sur la texture et la teinte du papier. De ces process naissent des contrastes que le spectateur peut interpréter comme autant de paysages latents.
Jean-Pierre Bertozzi et François Réau exposition à la Galerie No-Smoking du 27 avril au 26 mai 2012, 19 rue Thiergarten - 67000 Strasbourg
Le Métier d'Artiste, un métier ?
Article amusant et amusé de Harry Bellet dans le Monde du 20 avril 2012 sur les millionnaires de l’Art… qui ne sont pas des milliardaires dans la liste de Forbes ! Prenant exemple de la rétrospective de Damien Hirst à Londres (payé par le Quatar - que ne ferait-on sans eux depuis que les oligarques russes se cachent !?!) Harry Bellet s’interroge sur le statut professionnel des artistes se faisant ainsi l'écho du débat sur le métier d’artiste colloque organisé au Sénat par la Maison des Artistes le 30 mars dernier et par la revue area)revue( qui consacre un numéro au métier d’artistes. Harry Bellet semble y découvrir la maison de retraite des artistes de Marne-la – Vallée à la manière de celle des comédiens de Couilly-Pont-aux-Dames vu par Duvivier dans la Fin du Jour (1939) !
En fait il faut rappeler avec Harry Bellet que les artistes (en
France) sont des auto-entrepreneurs qui payent leur part patronal, leurs
charges sociales, retraite, CSG, TVA et tout le toutim … à travers la Maison
des Artistes ou une autre association représentative sur la déclaration de leur
bénéfice net. On rappellera aussi que les
contrats d’exclusivité tel qu’ils étaient pratiqués dans les années 1920 ou 1930 entre
une galerie et un artiste sont aujourd’hui assimilés à du salariat et qu’ils
ont en conséquence disparu de la scène française ! Il n’y a donc plus
d’écuries d’artistes alors qu’il existe
pour les grands sportifs des contrats de sponsoring à durée déterminée !
Ainsi le contrat qui liait Francis Bacon à sa galerie : Bacon peignant et
l’oeuvre revenant de droit à la galerie qui assure à l’artiste le gîte et le
couvert de tous ses frais par un revenu
mensuel serait considéré comme un salaire ! Aujourd’hui en
France un artiste travaille en dépôt avec des galeries entre 50% ou 75% de
remise du prix public. Il est un fournisseur singulier. Dans les pays anglo-saxon la norme reste à 40%. Un
artiste plasticien touche en fait des droits d’auteur. Seul 1,5% des artistes
affiliés à la maison des artistes gagnent plus de 100000 euros annuels, ce qui représente environ 500
personnes, et 50 % des 48500 assujetis gagnent moins de 8500 Euros et nombreux sont ceux qui sont au RSA !
Harry Bellet lui décrit des artistes dits "millionnaires" anglo-saxons et japonais qui travaillent avec des
assistants (150 pour Hirst, 125 pour Koons, 100 pour Murakami …) dont les
ateliers sont des PME au CA pas si impressionnant ramené au nombre d’employés :
3, 4 millions d’euros annuels pour Murakami pour une fortune estimé à 100
millions d’euros ! De plus la société Kaikai KiKi Co.Ltd (cela ne s'invente pas) de Murakami aurait perdu 60% de son CA avec la
crise de 2008 ! Son CA étant essentiellement effectué par la vente de
lithographies et celui de Damien Hirst serait augmenté par la mise en place de
boutiques de merchandising et d’investissements immobiliers .
Fort justement Harry Bellet rappelle aussi que la fortune de certains
artistes s’est faite non pas grâce à la vente de leur art mais par la
spéculation immobilière autour de la vente et la revente de leurs ateliers
successifs. Ainsi on peut retrouver sur
le site américain Bouin artinfo les artistes les plus « wealthy » (à
l’aise) du moment : Le peintre Brice Marden posséderait un immeuble à New
York et un atelier sur une île en Grèce
et le sculpteur Anish Kapoor deux immeubles à Londres… idem pour les peintres Jasper Johns ou Julian Schnabel, rien de neuf
depuis que De Kooning a acheté son atelier avec la vente de son
« Pollock » !!! D’ailleurs le défunt Cy Twombly ne laisse t-il pas un héritage de 1,2 milliard
de dollars en immobilier, tableaux, placements financiers et comptes divers et variés mais il semble, au dire du fisc italien, avoir oublié de payer ses impôts
sur une quarantaine de toiles. La vie d’artiste est un marché à terme !
La question du statut professionnel des artistes est donc complexe. La
maison des artistes ne s’occupe pas que des artistes
« traditionnels » mais aussi des graphistes, des décorateurs,
illustrateurs, designers qui sont souvent les mêmes !!!
Les revenus des artistes sont donc de fait des droits d’auteur 50% en galerie du
prix de transaction et 6% en salle des ventes en France. Mais fondamentalement le second
marché leur échappe complétement en
particulier dans les pays anglo-saxons ou le droit de suite n’existe pas !
Ainsi « Lullaby Spring » vendu 19,2 millions de dollars à Londres, n’a
pas rapporté un centime à Damien Hirst ! Il se trouve que la plus part des artistes professionnels ont donc un
second métier ou peut-être un premier par exemple professeur d’arts plastiques,
ou banquier ou trader (Jeff Koons était trader en coton et on ne voit pas
pourquoi il n’aurait pas continué à pratiquer des placements de bons pères de
famille !) …. Dubuffet n’était-il pas marchand de vin !!!!
La situation des artistes est donc analogue à celle des écrivains, des
cinéastes qui pour l’essentiel sont journalistes, professeurs, diplomates, éditeurs ou comme Francis
Ford Coppola viticulteur…
Mais l’artiste le plus professionel semble être le taggeur David Choe, qui a décoré contre quelques actions le hall d’une start-up
naissante Facebook, aujourd’hui sa fresque vaudrait 200 millions d’euros…. Bravo l’Artiste !
Là aussi Internet change la donne !