Au premier coup d’œil, la peinture de Louis Nallard apparaît construite en strates successives et superposées comme une plate-forme sédimentaire composée d'une accumulation de cycles. Elles forment un canevas de failles, de lignes, de concrétions comme autant de plissements géologiques d’une peau picturale. Leur lecture fait apparaître ici une contraction, là une dilatation ou un enveloppement. Le peintre semble déplier ses perceptions, les augmenter, ou au contraire les plier les rentrer dans le renforcement de son monde. L’alternance des touches longues et courtes forme dans leur répétition le code hiéroglyphe d’une peinture hermétique et silencieuse. Des couleurs chaudes, terres de sienne ocres jaune et terres d’ombres, des quelles émergent un vert ou quelques bleus. La peinture est variation, répétition, pli selon pli, « carte-mer » des paysages de son enfance, auxquels Louis Nallard n’a sans doute jamais cessé de se référer à ses propres dires.
Vue de l'exposition Louis Nallard Galerie 53 |
On ne présente plus Louis Nallard ( 94 ans !) Président d’honneur des Réalités Nouvelles où il y expose depuis 1948, dix ans plus tard dans les catalogues on lit qu’il n’y exposera plus qu’un an sur deux pour laisser la place à d’autres. Dévoué avec sa femme Maria Menton qui en était la secrétaire, il sauva le salon du naufrage dans les années 70, le remettant sur pied avec l’aide de Jacques Busse.
Louis Nallard, Peintures de 1947 à 1992 - Galerie 53, 53 rue de Seine 75005 Paris. Du 12 Avril au 12 Mai 2012 - 14h 30 -18h30
En regardant l’exposition Nallard, on se prend à rêver de regarder ses tableaux de très prés de très très prés, de les afficher sur son écran d’ordinateur comme on le fait sur la nouvelle version de Google Art Project. L’interface a été amélioré, simplifié et on peut zoomer ou dézoomer pour voir de près à loupe grossissante le grain de la toile, l’empâtement , la touche, le dessin… Quelle jouissance du regard !
Bien sur l’essentiel des œuvres numérisées est figurative et ancienne issu des musées américains… Orsay, l'Orangerie Versailles ou Chantilly ont accepté d’y participer… Le Louvre offusqué refuse de voir sa Joconde ainsi traité…. On les comprend ! Pourquoi après aller s’embêter dans des bousculades de cars de touristes, cochons de payant qui font le Louvre en ¾ d’heure, alors que là derrière son ordinateur ou devant son projecteur on a les tableaux que l’on aime reproduit à échelle 1 et on a le temps tout son temps. On ne peut que rêver de voir Google débarquer dans le salon des Réalités Nouvelles numériser les œuvres et nous laisser le temps infini du virtuel pour les contempler. Bien sûr ce n’est pas demain matin, hélas pour les RN, mais ce n’est plus qu’une question de génération numérique, demain l’outil sera accessible à tous mettant ainsi la peinture au cœur de l’esthétique des flux !