La galerie Bernard Ceysson, Paris du 05 Avril au 26 Mai 2012 présente une exposition Louttre B, 23 rue du Renard 75004 Paris.
J’ai toujours été frappé par la ressemblance physique de Louttre.B avec Corot et Braque tels que l’on peut les voir en photographies. On dirait trois frères ou trois cousins d’une même famille… Trois tignasses blanches, trois expressions similaires, lèvres pincées, la fossette marquée, la même mâchoire.
Louttre.B le regard à la fois ironique et inquiet, entre Corot à gauche et Braque à droite ! |
Donc un peintre peint un paysage. Pour Corot ce fut l’île de France, pour Braque Varengeville et ses falaises, pour Louttre.B Boissierette et le Lot. Corot était fasciné par des paysages en construction, recherchant la vérité du sentiment face à la nature, Braque par le passage de la mécanisation de l’ère industrielle avec les charrues manuelles abandonnées au coin des champs comme des sculptures mobiles immobiles. Loutre.B l’était par les paysages viticoles du Lot, abandonnés et retournés à l’état sauvages, couverts de chênes verts. Louttre.B cultivait un genre paysan parisien. La lippe pincée, mâchouillant une sempiternelle allumette ou roulant une cigarette entre ses doigts, le regard matois. Un renard argenté. Connu comme le loup blanc. À sa peinture, il faut adjoindre une œuvre gravée prolixe qui reprend les thèmes de ses toiles, ainsi que des tapisseries, des vitraux, des sculptures. Il prétendait n’avoir aucune théorie de la peinture si ce n’est celle sans doute de chercher l’image juste et juste l’image comme les « patrons », Corot qu’il admirait et Braque qu’il avait connu. Du métier de peintre en bâtiment qu’il avait pratiqué dans les périodes de vaches maigres, il conservait la conscience du travail bien accompli, recherchant à trouver l’effet, à développer ensemble les parties du tableau tout en introduisant du sable dans le liant acrylique.
« Le Pré carré » acrylique sur toile, 2010.
Courtesy Galerie Bernard Ceysson
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Chercher la forme, l’ensemble, la valeur des tons, qui conduit à la couleur, puis la cueillir sans reproche, sans crainte, sans peur du heurté. Louttre.B ne garde que l’écho, le souvenir lointain d’un paysage qui se désagrége. Louttre.B vivait la peinture.
La conversation roule, je pense alors à faire un petit document avec mon téléphone portable, il en est d’accord , on va dans son atelier.
Nota : Un document de 7'30 à regarder en petit écran, les décalages d'images et de son sont dus à la compression.