Comme toujours la foire de Bâle (à venir 2018) et l'union des Banques Suisses publient leur rapport annuel sur l'état du marché de l'art en 2017. Ce rapport affiche une bonne santé "insolente" du marché de l'art mondial (Voitures incluses... l'index Art Price ne prend en compte que les Beaux-Arts par exemple) avec un CA de 51,3 milliards de dollars (pour rappel le chiffre d'affaire de Auchan est de 52 milliards d'euros !) dont la moitié réalisée par cinq acteurs majeurs du marché dont Sotheby's et Christie's sur les 14000 salles de ventes recensées dans le monde. Les Etats-Unis représentent a eux seuls 42% du marché, la Chine 21%, La GB 20%, la France 7%...
Les ventes dans les Foires représentent 50% du CA des galeries ! L'impact économique des Foires est tel que nombre de galeries ne peuvent plus en assumer les frais. En fait l'univers des galeries se scindent en deux... Les "blue chips" (les chics) favorablement considérés par les investisseurs, ces galeries font les records. En bas du tableau les galeries qui font des prix inférieurs à 5000 Euros. Et entre ? ... Et entre et bien c'est la désolation... Les galeries de marché intermédiaire (10, l'année dernière parmi les plus réputées de New-York ont fermé). En dehors d'un Léonard de Vinci "exceptionnel", le marché de l'art ancien s'épuise. Les prix sont tractés par les modernes et les contemporains.
Le marché se trouve vraiment scindé en deux au niveau mondial entre d'un côté les ventes exceptionnelles, trophées d'entrepreneurs milliardaires, dont se regorgent les médias et de l'autre les lots communs sans gloire médiatique qui eux sont portés par les ventes en-ligne qui ne cessent de croître. La France avec 3 milliards de résultats affiche un bilan bien mitigé à comparer aux ventes de Louis Vuitton (LVMH) de Bernard Arnault 42 Milliards d'euros !
Dans le même esprit et pour les anglophones, ArtNews a publié une longue enquête-dossier consacrée à : "Réparer le monde de l'art"... (How to Fix the Art World | Winter 2017 , Vo155 N°4) accessible gratuitement. Très riche, une centaine d'interviews montrent les fractures et les différences dans un monde de l'art explosé, par un art éphémére (et obése) devenu immédiatement obsolète... fermetures de galeries, artistes cupides et répétants les mêmes solutions décoratives, collectionneurs avides, musées sans trustees ni donateurs, pris dans les enjeux d'un communautarisme aux morales régressives qui ne se vit que dans l'interdiction et la police, etc... Un long article de David Salle se fait le constat désabusé du désastre actuel quand il ne reste des expositions contemporaines qu'une image fanée dans un magazine... Le théâtre des images est en ruine !