Le Salon des Réalités Nouvelles
a la tristesse de vous annoncer le décès du peintre et graveur
Arthur Luiz Piza.
Arthur Luiz Piza nous a quittés vendredi 26 mai 2017.
Arthur Luiz Piza est né le 13 janvier 1928 à Sao Paulo. A l’âge
de 7 ans, un grave accident de voiture l’isole de la vie des autres enfants et
de l’éducation traditionnelle. Il suit des cours particuliers, lit énormément
et reçoit un jour un livre sur Van Gogh. Il en copie les reproductions et sait
alors que son univers sera artistique. Il prend des cours dans l’atelier
d’Antonio Gomide, y suit une formation classique et il rencontre Clelia qui y
étudie également. Ils se marient peu après, en 1949.
Après plusieurs expositions à Sao Paulo, dont une participation
à la Première Biennale où il montre des oeuvres à tendance surréaliste, Clelia
et Piza partent en Europe en 1951. Ils s’établissent à Paris et Piza apprend la
gravure auprès de Johnny Friedlaender. Ses travaux se libèrent progressivement
de la figuration, les formes s’affinent sur des fonds travaillés délicatement.
Il présentera le fruit de ces deux années passées à Paris à la Deuxième
Biennale de Sao Paulo et obtiendra le Prix d’acquisition de la Biennale. De
retour en France, il expérimente une nouvelle technique de gravure en creusant
très profondément le métal. Ceci lui permet de tirer ses gravures en un seul
passage : les couleurs capturées dans les entailles profondes du métal ne
peuvent se mélanger. Et cette technique lui permet surtout d’augmenter le
relief du papier. Ces gravures seront exposées à Documenta de Kassel en 1959 et
la même année il remportera le Prix de la meilleure gravure à la Cinquième
Biennale de Sao Paulo.
Il recherchera aussi ce volume et cette matière dans sa peinture
à laquelle il incorpore des petits morceaux de bois ou de papier épais qu’il
organise dans une géométrie dansante plus à la manière dont s’assemblent les
écailles d’un tatou que la juxtaposition d’une mosaïque. La couleur, dont la
palette souvent très contenue dans de riches variations de terres, de rouges et
de noirs, sert la forme. L’aspect poudreux, ultra pigmenté des taches de
couleurs dans la gravure se retrouve en peinture dans un développement vibratoire.
Tout au long de sa vie, le dialogue fécond entre la gravure et la peinture
enrichira l’une et l’autre.
Les expositions internationales de succèdent, ponctuées de
nombreux prix et de récompenses parmi lesquels le Prix David Bright à la
Biennale de Venise de 1966.
A partir des années 70 les reliefs dans la peinture s’accentuent
au point de devenir sculpturaux. Les papiers sont incisés de plus en plus
largement dans une dynamique expansionnelle. Piza les découpes, les fiches sur
des pointes. Quelques unes sont posées comme des papillons très haut sur les
murs de l’atelier, libres de tout cadre ou de tout support, libres du mur
également où elles ne sont retenues que par une tige mince. Puis il utilise des
morceaux de métal peint avec lesquels il joue en les plantant dans des tapis
brosses gris, créant ainsi des compositions dans une totale liberté. Les tapis
brosses seront exposés en 1983 à la Galerie Raquel Arnaud de Sao Paulo.
Après avoir réalisé des sculptures de grandes dimensions
exposées au Parc do Coco à Fortaleza en 1986 et réalisé des sculptures en
porcelaine pour la Manufacture de Sèvre, Piza travaille avec des grillages
métalliques qui se déploient dans l’espace. Il les superpose en combinant
plusieurs sortes de maillage qui accrochent la lumière et dans lesquels il
niche des formes colorées. Il dira : « Je
me sens l’âme proche des indiens de l’Amazonie qui voient passer les éclats
multicolores des oiseaux dans la trame serrée et presque sombre de la
jungle.» Cette exploration de l’éphémère, du fragile, du hazard poétique
aura toujours guidé les recherches de Piza. La musique de jazz qu’il adorait et
qui accompagnait souvent les heures passées à l’atelier procède également de
ces harmonies subtiles, de ces rencontres fortuites, de l’étirement du temps,
de cette disponibilité et de la concentration nécessaires pour les accueillir.
Depuis la fin des années 70, Piza s’est attaché à faire
connaître la culture latino-américaine. Il a d’abord travaillé à l’association
culturelle de l’Amérique Latine puis a longtemps occupé la présidence de
l’Espace Latino-Américain de Paris. Et c’est la suite logique de ce travail qui l’amène à créer en 2011, avec son épouse Clelia Piza, le prix
Piza dont l’intention est de développer, - au-delà du rayonnement de son oeuvre
personnel et de l’ouverture ainsi apportée à de jeunes artistes, des liens
culturels artistiques entre les deux pays.
Ses œuvres sont conservées dans de nombreux musées et
institutions publiques dont la Bibliothèque Nationale, le Musée national d’Art
Moderne, Paris, le Musée de la Ville de Paris, à Sao Paulo le Musée d’Art
Moderne, le Musée d’Art Contemporain et la Pinacothèque, l’Art Institute de
Chicago, The Museum of Modern Art à New York, The Solomon R. Guggenheim Museum,
New York, The Victoria and Albert Museum, Londres…
Une cérémonie aura lieu au crématorium du Père Lachaise vendredi
prochain, le 2 juin à 13 h.
Virginie Duval