Sandra Detourbet, RN 2015 répond au questionnaire des Réalités Nouvelles.
Pouvez-vous décrire brièvement votre travail ?
Fais battre ton tambour 119 x 86 cm |
Fais battre ton tambour 2 119 x 86 cm |
Pouvez-vous décrire brièvement votre travail ?
Can you
briefly describe what you do ?
Instabilité formelle stylistique
& chromatique
Construction en expansion
Réserves : recouvrement partiel du
support
Lisibilité multiple :
projection subjective du spectateur qui cherche ou rejette un élément spectral
reconnaissable ou non
Trace : superposition d’aplats
successifs
Graphisme : zéro reprise ou
correction
Contour : net
Outil : pinceaux spalter moyens
et grands
Support : papier marouflé sur
toile
Médium : Gouache et craie ou
mine de plomb
Appartenance : née en 1967
Qu'est-ce qui vous motive pour créer ?
What drives
you to make work ?
Concrètement, je démarre toujours en
préparant une gamme chromatique comme s’il s’agissait des aliments pour une
improvisation culinaire : entre 20 et 40 bassines de couleurs qui se
répondent l’une à la suite de l’autre de dilutions semblables. Je n’y vois rien d’autre que ce que mes sensations me dictent. Ce ne
sont que des impulsions électriques chargées de souvenirs. Une équation à 3
inconnues où je retombe par hasard sur mes pieds. L’intuitif peut passer pour
un imposteur auprès de celui qui pense ce qu’il fait ou fait ce qu’il pense.
Toujours une petite et jolie différence où passe l’air. Une fuite insolvable.
Pouvez-vous nous parler de votre pratique au jour le
jour ?
Can you tell
us something of your day-to-day practices ?
J’aurais aimé être un laboureur dans
son champ. Mais je suis papillon, ogre de milles expressions et possibles.
Peindre en faisant autre chose. Entendre un auteur et son époque, un penseur,
un poète ou un compositeur musical et des interprètes. Au sortir d’une
chorégraphie ou d’une exposition. Je résonne avec toutes les formes de
vibrations & d’énergies : la vitalité et l’animalité sans cesse
renouvelée. L’atelier doit rester avant tout un lieu de vie. Sinon, je bloque.
Cuisiner, festoyer puis m’isoler longuement sans une seule pensée.
Depuis quand travaillez-vous de cette manière?
How long
have you been working in that way ?
Il a fallu 25 années pour assumer
cette manière là.
Quels sont les artistes qui vous ont le plus
influencés ?
Which
artists have had the greatest affect on your work ?
Pour délimiter un ensemble
d’influences qui ont jalonnées ma construction, j’ai tendance à amalgamer les différents arts et les différentes
époques : (les sensations me procurent des images)
Bram van Velde, Yves Klein, David Hockney, Joseph Beuys, Louise Bourgeois, Charlotte Salomon, Pear Kirkeby.
Matisse,
Cézanne, Van Gogh, Manet, l’archéologie.
Hayao Miyazaki, Mandryka, F’murr.
Lautréamont, Pessoa, Woolf, Nietzsche, Saint-Augustin.
Angelopoulos, Jarmusch, Antonioni, Ray, Tarkovski.
Pina Bausch
Malher, Schönberg.
Shakespeare.
Texte liturgique
sacré ou profane.
Qu'est ce qui en dehors des arts visuels fait évoluer
votre travail ?
What outside
of visual art informs your practice ?
L’autre.
Comment souhaitez-vous que le public recoive votre
travail ?
How would
you like people to engage with your work ?
Cette question m’oblige à imaginer
ce que moi je penserais de ma peinture si ce n’était pas la mienne. Et là,
c’est un abîme ! Narcisse plonge. Peut-être le temps est un allié ?
Qu'est ce qui vous passionne
actuellement ?
Have you seen anything recently that has made an impression ?
Les anglais me fascinent. Les jeunes
me passionnent.
Dans quel sens selon vous doit évoluer l'art abstrait
?
In your
opinion, how should be the future abstract art evolution ?
J’aime les sons, les voix avec les
images en mouvement. Ça me botte grave … Mais par contre j’ai une légère colère
contre le dogmatisme qui par définition détient le pouvoir plus que la
légitimité. L’art abstrait suit les lois de la gravité ou de la légèreté
mais aussi celle de la technologie. Le multimédia, la science des étoiles et la
biologie neuronale. Le corps physique de la pensée est au service de la vie. Le
format, le support, le médium, le diffuseur, le capteur, le récepteur-émetteur,
la peur, l’heure… Et si je me retrouve sur une planète inconnue, peut-être
saurai-je lire la direction à suivre. Renoncer à séparer l’air que je respire de
la lumière que je vois et considérer le corps comme une abstraction. Et bien
dansons maintenant…
Question adressée à soi : celle de l’appartenance.
Question adressée à l’autre : celle de la différence.
Gouache sur papier marouflé sur toile