vendredi 23 octobre 2015

Sandra Detourbet, peintre

Sandra Detourbet, RN 2015 répond au questionnaire des Réalités Nouvelles.



Fais battre ton tambour
119 x 86 cm

Fais battre ton tambour 2
119 x 86 cm


Pouvez-vous décrire brièvement votre travail ?
Can you briefly describe what you do ?

Instabilité formelle stylistique & chromatique
Construction en expansion
Réserves : recouvrement partiel du support
Lisibilité multiple : projection subjective du spectateur qui cherche ou rejette un élément spectral reconnaissable ou non
Trace : superposition d’aplats successifs
Graphisme : zéro reprise ou correction
Contour : net
Outil : pinceaux spalter moyens et grands 
Support : papier marouflé sur toile
Médium : Gouache et craie ou mine de plomb
Appartenance : née en 1967


Qu'est-ce qui vous motive pour créer ?
What drives you to make work ?

Concrètement, je démarre toujours en préparant une gamme chromatique comme s’il s’agissait des aliments pour une improvisation culinaire : entre 20 et 40 bassines de couleurs qui se répondent l’une à la suite de l’autre de dilutions semblables.  Je n’y vois rien d’autre que ce que mes sensations me dictent. Ce ne sont que des impulsions électriques chargées de souvenirs. Une équation à 3 inconnues où je retombe par hasard sur mes pieds. L’intuitif peut passer pour un imposteur auprès de celui qui pense ce qu’il fait ou fait ce qu’il pense. Toujours une petite et jolie différence où passe l’air. Une fuite insolvable.

Pouvez-vous nous parler de votre pratique au jour le jour ?
Can you tell us something of your day-to-day practices ?

J’aurais aimé être un laboureur dans son champ. Mais je suis papillon, ogre de milles expressions et possibles. Peindre en faisant autre chose. Entendre un auteur et son époque, un penseur, un poète ou un compositeur musical et des interprètes. Au sortir d’une chorégraphie ou d’une exposition. Je résonne avec toutes les formes de vibrations & d’énergies : la vitalité et l’animalité sans cesse renouvelée. L’atelier doit rester avant tout un lieu de vie. Sinon, je bloque. Cuisiner, festoyer puis m’isoler longuement sans une seule pensée. 

Depuis quand travaillez-vous de cette manière?
How long have you been working in that way ?

Il a fallu 25 années pour assumer cette manière là.

Quels sont les artistes qui vous ont le plus influencés ?
Which artists have had the greatest affect on your work ?

Pour délimiter un ensemble d’influences qui ont jalonnées ma construction, j’ai tendance à amalgamer  les différents arts et les différentes époques : (les sensations me procurent des images)
Bram van Velde, Yves Klein, David Hockney, Joseph Beuys, Louise Bourgeois, Char­lotte Salo­mon, Pear Kir­keby.
Matisse, Cézanne, Van Gogh, Manet, l’archéologie.
Hayao Miyazaki, Man­dryka, F’murr.
Lau­tréa­mont, Pessoa, Woolf, Nietzsche, Saint-Augustin.
Ange­lo­pou­los, Jar­musch, Antonioni, Ray, Tarkovski.
Pina Bausch
Malher, Schönberg.
Sha­kes­peare.
Texte liturgique sacré ou profane.

Qu'est ce qui en dehors des arts visuels fait évoluer votre travail ?
What outside of visual art informs your practice ?

L’autre.
The Polyptique 130 x 267 cm

Comment souhaitez-vous que le public recoive votre travail ?
How would you like people to engage with your work ?

Cette question m’oblige à imaginer ce que moi je penserais de ma peinture si ce n’était pas la mienne. Et là, c’est un abîme ! Narcisse plonge. Peut-être le temps est un allié ?

Qu'est ce qui vous passionne actuellement ?
Have you seen anything recently that has made an impression ?

Les anglais me fascinent. Les jeunes me passionnent.

Dans quel sens selon vous doit évoluer l'art abstrait ?
In your opinion, how should be the future abstract art evolution ?

J’aime les sons, les voix avec les images en mouvement. Ça me botte grave … Mais par contre j’ai une légère colère contre le dogmatisme qui par définition détient le pouvoir plus que la légitimité. L’art abstrait suit les lois de la gravité ou de la légèreté mais aussi celle de la technologie. Le multimédia, la science des étoiles et la biologie neuronale. Le corps physique de la pensée est au service de la vie. Le format, le support, le médium, le diffuseur, le capteur, le récepteur-émetteur, la peur, l’heure… Et si je me retrouve sur une planète inconnue, peut-être saurai-je lire la direction à suivre. Renoncer à séparer l’air que je respire de la lumière que je vois et considérer le corps comme une abstraction. Et bien dansons maintenant…

Question adressée à soi : celle de l’appartenance.
Question adressée à l’autre : celle de la différence.
Vous 130 x 97 cm

 Gouache sur papier marouflé sur toile