"Salvatore Mundi" courtesy Christie's |
le tableau avant restauration attribué à Bernardino Luini |
Version de Marco D'Oggiana Courtauld Londres |
Dans la version de Marco d'Oggiona (1475-1530) toujours d'après Leonard de Vinci, le globe terrestre n'est pas transparent mais bien opaque et porte la croix sur son pôle nord, suivant l'iconographie catholique. Evidemment la version ressuscitée ne peut en être que l'original affirment les défenseurs de l'authenticité de la peinture. D'autant que cela signe son identification: Leonard tellement versé dans les sciences était bien sur le seul à pouvoir en donner une version de pure optique : un globe de cristal.
Mais alors pourquoi le globe ressemble-t-il à un effet "loupe", "zoomy" comme on trouve tant sur les applications d'images, qui se fait en glissant la souris sur l'image ?
Parce que le restaurateur autant que le faussaire travaille avec les informations de son temps, celui du XXIe siècle avec un savoir tout aussi daté que celui du restaurateur du début du XXe siècle, bien que différent. Et leur représentation de la couleur et des symboles d'une autre époque se fait autant à travers leurs sensibilités qu'au travers de leurs connaissances scientifiques différentes à 100 ans d'écart.
Effet loupe zoomy |
Le restaurateur doit se projeter dans le passé avec ses couleurs, ses représentations pour pouvoir travailler. Comme le faussaire d'ailleurs ; quand on regarde les fameux faux Vermeer de Hans Van Meergeren, qui les vendit à Goering pendant la seconde guerre mondiale, on est saisit par leurs factures néo-classiques années 30, tant celle du dessin que celle de la couleur et on comprend (ou pas) comment les conservateurs et autres spécialistes de Vermeer on put se faire piéger... Parcequ'ils ne regardaient pas Vermeer... Ils regardaient leurs représentations de Vermeer, leurs fantasmes (datés) de sa peinture.
détail |
faux Vermeer |
faux Vermeer |
Un Rembrandt numérique composé en 2016 |
Nous découvrons que sans que nous le voulions (ou sans que nous n'en soyons conscient) de nouvelles représentations de la couleur et du temps s'imposent à nous, par la technologie. Que cette œuvre de Vinci ait été (contre)faite à la main importe peu, elle est de même nature que celle totalement programmée d'un "pseudo-Rembrandt" en 2016. Leur colorisation est fondée sur la translucidité de l'écran, son rétro-éclairage et les calques successifs, par une colorimétrie spectrale.
Le temps est "couleur", ou de la question de l'abstraction.