« Apologie de la coproduction comme intelligence collective. Qu’est-ce que l’IA peut ne pas nous prendre ? »
Colloque le samedi 21 octobre 2023, 17h30, à l’Espace Commines.
Qu’est-ce que l’IA ne peut pas prendre aux Réalités Nouvelles ?
Une apologie de l’Intelligence Collective
Chercheurs, artistes et historiens de l’art, viennent éclairer tant l’histoire des Réalités Nouvelles que les possibles chemins que l’association se doit de suivre pour continuer son aventure.
Jennifer Bernstein, diplômée en histoire de l'art de Harvard, éditrice indépendante, notamment pour le MET, Metropolitan Museum of New York, Whitney Museum of American Art, Jewish Museum New York ; Hirshhorn Museum and Phillips Collection Washington, DC ; Museo del Prado, Madrid, Espagne et Israel Museum, ainsi que pour les galeries Hauser & Wirth et James Cohan. Fondatrice en 2007 de Tenacious Editorial, elle présente différentes problématiques auxquelles ses recherches sur les Réalités Nouvelles et Fredo Sidès l'ont menée.
Carol-Ann Braun, artiste multimédia, auteure (avec Annie Gentès) de l’article « La question de l’intermédialité dans les œuvres sur Internet : un héritage fluxien ? » (Persée, 2005), co-commissaire de l’exposition avec une trentaine d’artistes du réseau Réalités Nouvelles montrant leurs expérimentations « en symbiose » avec des outils dotés d’intelligence artificielle.
Philippe Cailloux, designer français basé à Palo Alto en Californie viendra partager (en visio)son expertise du milieu, des modèles d’IA et des challenges techniques.
Denise Demaret-Pranville, artiste plasticienne, co-commissaire de l’exposition avec une trentaine d’artistes du réseau Réalités Nouvelles montrant leurs expérimentations « en symbiose » avec des outils dotés d’intelligence artificielle.
Christophe Duvivier, conservateur émérite du musée de Pontoise, aujourd’hui membre du comité de l’association Jeanne et Otto Freundlich. Il abordera la présentation du fonds Réalités Nouvelles conservé au musée de Pontoise ainsi que sa carrière, débutée comme exposant au Salon Réalités Nouvelles.
David Victor Feldman, informaticien, musicien et professeur de mathématiques à l'Université du New Hampshire.
Erik Levesque, artiste, administrateur du blog « Les cahiers des Réalités Nouvelles », auteur de la biographie de Fredo Sidès.
J’ai demandé à ChatGPT, donc, de me préparer un sujet d’exposition sur Réalités Nouvelles et ses suites. Le robot m’a répondu : « L’exposition Réalités Nouvelles et ses suites est un projet qui vise à présenter les différentes tendances artistiques qui ont marqué le XXe siècle au Japon et en Europe. Il s’agit de montrer comment les artistes japonais ont dialogué avec leurs homologues européens, en s’inspirant de leurs innovations formelles et conceptuelles, mais aussi en affirmant leur singularité et leur identité culturelle. » On le comprend tout de suite, ChatGPT a repiqué des éléments de langage venant de l’exposition hors les murs Réalités Nouvelles à Kyoto en 2023. Le robot conclut : « L’exposition met en évidence les échanges et les influences réciproques entre les artistes japonais et européens, ainsi que les spécificités et les originalités de la création japonaise. Elle permet de découvrir des artistes majeurs comme Kandinsky, Miró, Calder, Duchamp, Kirchner, Kokoschka, Arp, Warhol, mais aussi des artistes japonais moins connus du public occidental comme Nihonbashi, Murayama, Tanaka, Shiraga, Yokoo ou Kusama. L’exposition offre ainsi une vision panoramique et contrastée de l’art du XXe siècle, à travers le prisme des avant-gardes japonaises et européennes. » C’est drôle et un peu de name dropping un tantinet hors sujet nous fait vraiment rire. Nous comprenons que ChatGPT est un agrégateur de contenus, un assembleur, une vraie machine à coudre et qu’il a bien du mal à distinguer Réalités Nouvelles du Nouveau Réalisme. C’est-à-dire distinguer une opposition logique de termes esthétiques qui s’écrivent avec les mêmes mots mais inversés, entre pluriel et singulier. ChatGPT ajoute : « Le salon des Réalités Nouvelles est créé à Paris en 1946, dans l’objectif de promouvoir l’art abstrait et de présenter les œuvres d’artistes contemporains à un public plus large, dans une époque où l’art abstrait était encore considéré comme une forme d’art marginale. » C’est exact.
En 1947, le salon rendait hommage à Malevitch, qui est cité dans les Cahiers des Réalités Nouvelles avec cette remarque d’avant-garde ou de science-fiction datée de 1920 : « À présent la production d’œuvres d’art est sciemment tellement facilitée et simplifiée qu’on ne saurait mieux faire que de commander ses œuvres par téléphone, et de son lit, auprès d’un peintre en décors. » Ainsi, quoi que nous en pensions, aujourd’hui, c’est l’événement lui-même que le robot saurait organiser depuis notre lit, choisissant les artistes et les œuvres... outrepassant les rêves de Malevitch !
Réalités Nouvelles, le salon et son association sont nés sous les auspices de Fredo Sidès, ou Alfredo un dandy juif grec, turc, italien, espagnol, cubain ou français... dont j’ai su retracer la vie mouvementée. Amant d’Isadora Duncan, beau-frère de la mécène et galeriste Alice DeLamar, impresario de spectacles de danse et associé aux galeristes Léonce Rosenberg, René Gimpel, Jeanne Bucher ou Marie Cuttoli, ce parrain du mouvement Dada a l’idée, pour faire jouer les œuvres de son ami le compositeur Edgar Varèse, en 1920 à New York, d’y créer le New Symphony Orchestra, orchestre dont les musiciens sont les actionnaires. Il applique donc la même recette avec « l’orchestre » des Réalités Nouvelles, constitué d’artistes cotisants tels que vous aujourd’hui, et comme l’étaient, avant vous, Sonia Delaunay, Jean Dewasne, Jean Arp, Victor Vasarely, Pierre Soulages, Carmen Herrera et bien d’autres encore... Réalités Nouvelles est donc une forme associative de coproduction dont chaque exposant est à la fois le sujet et l’organisateur. « On sait le succès de cette formule qui a contribué à faire émerger de nouveaux artistes et à diffuser les idées novatrices dans le domaine de l’art abstrait », ajoute ChatGPT.
Au moment où l’intelligence artificielle semble faire des progrès décisifs et réalise le vieux rêve d’écrire les images, comment l’association Réalités Nouvelles – toujours dédiée à la promotion de l’art abstrait à travers l’action de son salon coproduit – peut-elle proposer de nouveaux chemins et démontrer la pertinence de son intelligence collective ?
Erik Levesque Barfleur, 2023
Les contributions des participants seront publiées dans les semaines suivantes le salon.