mercredi 11 juillet 2018

Zeitgeist ... Air du temps

ZeitGeist

La sculpture “Tulipes” de Jeff Koons, qui devait être installée entre le Palais de New York et le Palais de Tokyo, est produite par la galerie Jerôme de Noirmont par le jeu de défiscalisation légale de la loi Aillagon.

Initiée par Françoise Monnin et Artension en 2016 sur Facebook, la première pétition qui lui est opposée, défend la sculpture “majestueuse” d’Ousmane Sow contre celle “banale” de Koons et recueille 3000 signatures, elle est suivie par l’appel de “l’Espace 35” du peintre André Bouzereau avec 8000 signatures sur change.org, rejetant le cynisme de Koons qui d’un “cadeau”, fait sa pub et sa cote sur le dos des victimes des attentats.

Quand le 21 janvier 2018 dans Libération, l’appel “Non au “cadeau” de JK” de l’organisateur de foires et ex du salon de Montrouge, ancien galeriste Stéphane Corréard (époux de madame Sylvie Perras Corréard, actuellement conseillère technique culture et communication du premier ministre Édouard Philippe ) était publié et signé par des conservateurs et conservatrices de musées ou appartenant à leurs conseils d’administration comme Marie-Claude Beaud (UCAD, Monaco), Marie-Laure Bernadac (Picasso/Louvre), Nicolas Bourriaud (ex Palais de Tokyo), Christian Bernard (villa Arson, Mamco), Alexia Fabre (Mac/Val)... Un seul artiste de la même génération que ces conservateurs avait signé l’appel Boltanski (73 ans)... mais par ordre alphabétique c’était le cinéaste Olivier Assayas (!) qui apparaissait en premier accompagné du producteur et collectionneur Marin Karmitz. Et puis un nom inconnu Emilie Cariou, députée LREM spécialiste de la fiscalité… L’initiative privée de Jeff Koons repose sur l’utilisation de la loi sur le mécénat ce que ces opposants administratifs contestent puisque l’œuvre de Koons est fabriqué en Allemagne ! La défiscalisation ne serait pas française, nous y voilà. D’autres artistes en renom notent qu’avec 3,5 millions d’euros on pourrait commander à 35 artistes français des œuvres pour le Grand Paris.

Si, comme le rappelle Harry Bellet du Monde, ces signataires ont pour beaucoup d’entre eux : « usé ou sont appelés à profiter eux-mêmes [du mécénat] », on ne saurait vraiment croire qu’ils mettent en cause la loi sur le mécénat culturel ? Le Comité professionnel des galeries d'art fait connaître son opposition à toute l'opération, le 14 février 2018. La Maison des Artistes organisait alors un sondage auprès de ses adhérents qui se déclaraient à 73% opposés au projet. Pour Corréard, la question devenait à partir du 26 janvier sur France Culture une question relevant de “l’exception culturelle”…


Cependant un collectif mené par Fabrice Hyber, Fleur Pellerin et Jacques-Antoine Granjon appelle à accepter le cadeau dans la Monde du 22 février. Seule Sylvie Blocher dans les Inrocks 27 avril 2018… a des états d’âme sur ce qu’elle appelle la censure en cours : “Mais aussi une bombe, une puérilité ridicule, une imposture outrageante et une nécessité morale pour la France de refuser d’être avilie. Des artistes qui signent publiquement contre un autre artiste, c’est angoissant. Cela arrive à des moments difficiles de l’histoire. Des intellectuels aimés qui signent contre une œuvre en forme de bouquet de tulipes, sous prétexte qu’elle nous avilit, c’est un uppercut dans l’estomac.” écrit-elle.

En effet tout d’un coup se trouve associé dans un même élan de protestation avant-garde étatique et schtroumpf émergent …. autant dire le mariage de la carpe et du lapin (en même temps)... Quelque chose a explosé… laissant sur la route une Anne Hidalgo tout carbonisée avec son bouquet à planter … genre personnage de dessin animé type “Gros Minet” !

La question devenait alors où placer la sculpture … (réponse ? : à la Villette ?)


On le sait tous, nous l’avons déjà dit et démontré, le cinéma français se moque ouvertement des arts contemporains et de la peinture, sorte de punching-ball comique à l’image de l’élite sociale… que ce soit dans les films populaires type  Intouchables, Chti’s ou dans d’innombrables films d’auteurs. Poncif toujours présent d’un rapport de classe où art plébéen = cinéma, art d’élite = peinture, art contemporain…

En effet au nom du refus, que l’on peut juger légitime par ailleurs de la réception d’une sculpture, lourde et onéreuse, se met en place un discours assez étrange sur la défense des artistes et d’une identité française au sein du ministère de la Culture.

Dont le discours semble se calquer sur celui des cinéastes : "l’exception culturelle” puisqu’il s’agit de la mise en place d’un système de production des œuvres d’art.

Les cinéastes forment un lobby puissant et médiatique, et très écouté par les pouvoirs publiques, qui défend leurs intérêts légitimes face aux enjeux de la numérisation. Les cinéastes se proclamant artistes, et parlent au nom des artistes français en général. Nous n’allons pas reprocher aux cinéastes de se considérer comme des artistes, mais bien leur contester le droit de parler aux noms de tous les artistes français face aux pouvoirs publics.

Autre exemple farce : qu’un cinéaste en renom puisse considérer dans un interview radiophonique que “le problème” du cinéma français vient de la “disparition de la peinture française” (sic) après la seconde guerre mondiale… serait comique s’il ne laissait pantois à plus d’un titre. Il est libre de ne pas apprécier ni Soulages, ni Dubuffet, ni Eugène Leroy mais que par des mots grossiers qui arrangent son discours, sa rhétorique, il nie l’existence même de l’art de plusieurs centaines d’artistes qui ouvrent des voies différentes, poursuivent leurs chemins s’opposant à une fermeture mentale, apparaît comme le syndrome d’une époque. Pourtant de nombreux producteurs de cinéma Marin Karmitz, Jérôme Clément ou Claude Berri pour ne citer que quelques-uns des plus célèbres… sont ou ont été des collectionneurs d’art avertis de Giacometti, Soulages, Dubuffet, Alechinsky ou Leroy….

Et pourtant si chacune de ces remarques isolées les unes des autres ne seraient que billevesées et poudre de perlinpinpin, sans grande importance, hélas, mises bout à bout, elles forment une forme de continuum désastreux ou simplement désagréable de la météo d’un zeitgeist pluvieux ayant une influence délétère sur les représentants et conseillers spéciaux des ministères, en même temps.

En effet ces paroles globalisantes en miroir d’une esthétique hollywoodienne omniprésente, considèrent l’Art en un spectacle, un show, où l’exposition relève de la narration, on y entre comme dans un théâtre. Une exposition se produirait comme un film, avec spectateurs et TVA de caisse, s’inscrivant dans une rentablité de box-office pour un public donné.

Eh bien non, les expositions d’art abstrait ne sont pas réductibles à de simples théâtres d’images. Une exposition d’art est d’abord une présentation, une mise à jour et un dialogue. A faire le contresens de considérer l’exposition son évènement comme une mise en scène, (on en a vu des vertes et des pas mûres entre Orsay et Grand Palais…) on réduit celle-ci à un discours univoque où les œuvres se trouvent distribuer en premier rôle, second rôle et figurants dans une navrante histoire d’amour du cinéma français dit “du milieu” qui fait contresens. Sans parler des expositions (Cézanne, Klimt…) qui transforment toute peinture en sons et lumières pour Disneyland.

Si Duchamp affirmait que seul le spectateur fait œuvre par son regard, au XVIIIe siècle on disait justement que mot “le spéculateur” désigne l’amateur de peintures, dont c’est le sens premier, nuance !

La confusion se fait alors jour dans les remarques de nos honorables correspondants fiscalistes de l’art, et éclate tout d’un coup quand ils découvrent que nous organisons pas de spectacle, mais des datas. L’ancien président des RN Jacques Busse rédigeait le Bénézit… et nous nous continuons à produire des datas autrement.

Produire des datas c’est un des buts d’un Salon.

C’est donc bien d’un discours de caste entre artistes pour ne pas dire de classe, dont il nous faut bien parler, et il ne faut pas laisser le monopole de la parole à ces artistes.

Il est à nous de prendre la parole.

Notre association Réalités Nouvelles a trouvé son nom de l’expression allemande “Neuen Wirklichkeit” inventée par le peintre Otto Freundlich, assassiné pendant la seconde guerre mondiale et dont la mémoire hante notre histoire, nom qui se voulait le signe d’une nouvelle réalité sociale des artistes et d’une fraternité internationale.

Vlaminck dans ses pamphlets - aujourd’hui heureusement interdits de publication - durant la seconde guerre mondiale accusait Picasso, Degas, Braque, Matisse d’être responsable de la décadence de l’Art Français, aujourd’hui certains, dont des cinéastes, s’amusent à justifier leurs propres échecs ou difficultés en dénonçant l’art contemporain ou la peinture française auprès des autorités publiques. Qu’on n’attende pas de nous, le salon des Réalités Nouvelles, de rejouer Vichy, nous continuerons à exposer des artistes chinois, japonais ou australiens… que nous pensons intéressant.

Que les “cinéastes” bien intentionnés de l’exception culturelle - parlent pour eux - qu’ils s’occupent de leurs affaires, les artistes abstraits français sont capables de s’exprimer par eux-mêmes.

Erik Levesque
administrateur du blog
membre du comité des Réalités Nouvelles

Droits de suite

La cour fédérale américaine annule le droit de suite californien dit California Resale Royalty Act (CRRA). La Californie est le seul état des USA à avoir eu une législation qui octroyait des royalties aux artistes dont les œuvres passaient en salle des ventes à partir de 1000 $ (850E.) à hauteur de 5% depuis 1978.

jeudi 5 juillet 2018

droits d'auteurs -réforme

La réforme et l'extension du droit d'auteur vis-à-vis des plateformes numériques, type GAFA essentiellement, a été rejetée par le parlement européen, dont le rôle législatif est nul - il n'a aucun pouvoir - mais il est consultatif. Défendu par les créateurs, le cinéma, les éditeurs de presse, les musiciens en particulier Paul Mc Cartney ou Jean-Jacques Goldman, le texte entend étendre le droit d'auteur européen (continental plus exactement) au web. Les opposants sont les GAFA (Google, Amazon, Facebook, Apple...) qui refusent de payer des royalties aux ayants-droits, mais aussi les défenseurs de la liberté du net (ce qui est plus surprenant) au nom de la liberté d'expression. En attendant, le texte reste donc dans les tuyaux administratifs européens dans l'attente d'une décision  inter-gouvernementale. Il est à noter que Wikipedia en Espagne et en Italie a été rendu inaccessible quelques heures en signe de protestation.

mercredi 4 juillet 2018

Du Rififi Aux Beaux-Arts de Paris

correctif du 9/07/2018.
Dans un communiqué publié le 6 juillet, la ministère explique que le  contrat de trois ans du directeur de l'Ecole Jean-Marc Bustamante se termine le 9 septembre 2018 (il a été nommé le 10 septembre 2015),   de plus sa mise en retraite interviendra en mars 2019. Face aux enjeux sociaux et tensions dans l'école, cristallisés autour des questions de harcèlement et des violences sexistes, le temps nécessaire pour la mise en place d'un nouveau projet fédérateur ne lui est donc pas suffisant, aussi un concours pour le recrutement du nouveau directeur est ouvert. Le ministère regrette la violence dont il a été victime.


Que se passe-t-il donc, à l'Ecole des Beaux-Arts de Paris ... ?

Que se trame-t-il autour des mails du directeur de l'Ecole Jean-Marc Bustamante, qui semble avoir jeté l’éponge ? "Rien n’est officiel, mais le mail que ce plasticien a envoyé, mardi soir, à certains acteurs du ministère de la culture et de l’Ecole nationale supérieure des beaux-arts de Paris, qu’il dirige, est sans équivoque." écrit le Monde. Pour Libération "Le directeur très chahuté de l’Académie des Beaux-Arts, dont le mandat devait être prolongé d'une année, ne serait pas reconduit". Le 4 juillet au soir Le Figaro annonce de la bouche de Bustamante qu'il a été révoqué.


L'annonce de la reconduction du mandat de directeur de l'école pour une année de Jean-Marc Bustamante atteint par la limite d'âge de 66 ans (pouvant être reconduit encore pour un an) devait être entérinée le 12 juillet par le conseil d'administration. Au commande depuis octobre 2015, Bustamante avait même annoncé sa reconduction !


Mais le soir du vernissage de l'exposition des diplômés 2017, jeudi 28 Juin, accusé d'une coupable mollesse de caractère cynique, dans sa réaction face au racisme et autres affaires de harcèlement entre professeurs et étudiantes qui minent l'école, d'une privatisation partielle de l'école pour sa remise d'une épée académique, à l'heure des diplômes de fin d'études, d'un manque de respect pour les travaux d'étudiants détruits par inadvertance, le directeur fut enfariné alors qu'un tract intitulé BYE et signé mystérieusement : "Tes étudiant.e.s - Ministère de la Culture" fut alors distribué.

Suivant Le Monde, le directeur choqué cherche alors du réconfort auprès du ministère, qui dit-il le bat froid. Françoise Nyssen ne le reçoit "ni hier ni jamais" car dit-il : "il agace" la ministre.

Selon toujours le journal, le soutien dont aurait bénéficié Bustamante de l' artiste italien et romain  Alberto Sorbelli (invité par Bustamante en Juin 2016), sur la page Facebook de l'école ne serait pas sans influence. Le provocateur ayant recommandé comme programme pour l'école un programme troufignolisé pour apprendre aux artistes (garçon) à se faire prendre et (fille) à ne pas avoir de gosses. Un 2 en 1 en quelque sorte. Saperlipopette !

Devine qui vient dîner ce soir ?

En même temps, le Figaro précise que (citation):  "Il ne fait guère mystère à Paris que Sylvie Corréard, conseillère Culture et Communication à Matignon auprès du Premier ministre Edouard Philippe, ne l'apprécie guère. Le nom de cette femme d'influence était apparu comme un maillon fort dans la polémique contre Jeff Koons, dans les colonnes de notre confrère Harry Bellet du journal Le Monde."



Sylvie Corréard a été membre du cabinet de la ministre de la Culture Catherine Trautmann de 1997 à 1999. Depuis 2015 chargée de mission auprès de la direction de la Fémis, l’école nationale supérieure des métiers de l’image et du son. Elle a été secrétaire générale du musée d’art moderne de la Ville de Paris, et administratrice au musée national d’art moderne/Centre Pompidou. À cela s’ajoutent plusieurs missions de conseil que Sylvie Corréard a effectuées notamment auprès de l’organisation du Salon de Montrouge qu'organisait son mari, le critique et ex-galeriste Stéphane Corréard, et auprès de l’association Arènes regroupant de grandes institutions tels que l’Opéra national de Paris. 




dimanche 1 juillet 2018

Commenter Damien Hirst, ins't he lovely ?*

Damien Hirst lance un grand concours aux internautes auquel Réalités Nouvelles entend participer et participe, ici et maintenant, en commentant comme il se doit la photo ci-jointe.

Le meilleur commentaire recevra une lithographie dédicacée de l'artiste en panti assorti à ses chaussettes roses et Crocs à son nom. 
Cher Damien, notre commentaire est le meilleur:   "you're so cute!" ou conformément à la loi Toubon, " t'es trop chou !"

* est-y pas mignon ?

Défiscalisation en blockchain

Depuis 2014 environ, on voit apparaître une série de tentatives de coupler le marché de l'art avec les monnaies virtuelles, Bitcoin, Ethereum, Litecoin et autres monnaies créées suivant la technologie des dites "blockchain",  à travers des galeries éphémères (Cointemporary), certification en ligne (P8Pass), enchères en ligne en cryptomonnaie (Maecenas) etc...
Toutes tentatives qui veulent annoncer que la monnaie de l'art serait une blockchain.

Dans le même temps, cependant les tentatives robotisées de faire s'effondrer les blockchains ou de les casser redoublent et semblent concluantes, le bitcoin perd régulièrement de sa valeur.
La monnaie de l'art serait-elle une monnaie de singe ou une chaine de Ponzi ?

La "défiscalisation"  est en marche !