Hommage à Jeanne Kosnick-Kloss
(1892-1966)
Salon des Réalités Nouvelles 2020
Alors que le musée de Montmartre présente une rétrospective du peintre Otto Freundlich (1878- 1943), le salon rend hommage à son épouse Jeanne Freundlich. Ensemble ils furent membres fondateurs de l'association Réalités Nouvelles. Elle fut membre fondatrice du Salon des Réalités Nouvelles où elle exposait de 1946 à 1955.
Cet hommage a été rendu possible par le soutien de l'association des Amis de Jeanne et Otto Freundlich et des Musées de Pontoise.
Dans le cadre de la Nuit Européenne des Musées.
Composition - Huile sur bois -
Jeanne Kosnick-Kloss, est née Hannah Kloss à Glogau en 1892 en Silésie (Allemagne orientale, aujourd’hui en Pologne). Son père avocat réside à Cologne où elle grandit et fait ses études qu’elle poursuit à Genève. Elle est infirmière à Dantzig entre 1909 et 1912. Elle commence alors à étudier le chant à Berlin, avant d’être mobilisée de 1914 à 1915 par le service de santé des armées allemandes. Elle reprend sa carrière de chanteuse lyrique et épouse en 1920 son professeur de piano, le musicologue Henrich Kosnick (1889-1971), disciple du compositeur italien néo-classique Ferruccio Busoni. En 1923, à l’occasion d’un « concert avant-gardiste » que le couple donne au Bauhaus de Weimar, elle rencontre Feininger, Gropius, Kandinsky, et Klee.
Jeanne Kosnick-Kloss cat RN 1966 |
Atelier de Jeanne et Otto Freundlich |
Déshéritée et spoliée par le IIIe Reich, en raison de sa relation avec Otto Freundlich, elle vit alors dans des conditions matérielles très difficiles, donnant des cours de piano.
Dès 1945, elle expose à la galerie du Verseau à Paris, puis fait partie des exposants du Salon des Réalités Nouvelles de 1946 à 1956.
Composition Gravure sur bois |
Profondément marquée par la théorie musicaliste, elle y expose des œuvres à la géométrie aléatoire et kaléidoscopique dont les plages délimitées forment des tesselles de couleurs.
En 1947, elle écrit*, dans le premier catalogue des Réalités Nouvelles :
« L’artiste est un baromètre des transformations. Il les pressent dans ses actes et dans ses pensées comme des forces dirigeantes, longtemps avant qu’elles se réalisent dans le monde extérieur. Là où il a la faculté de se détacher peu à peu mais définitivement des formes et des vérités généralement admises, il exécute le vouloir d’une réalité nouvelle, toute réalisation artistique a une tendance : une tendance étroite, quand elle est la sauvegarde de l’artiste ; une tendance plus large, quand l’artiste renonce à sa vie privée et que ses créations deviennent les signes d’un déplacement spirituel. »
En 1948, elle y présente des peintures, des reliefs et de mosaïques et des tapisseries brodées. En 1950 elle présente des compositions en peinture, une gravure sur linogravure et la maquette du « Phare de la paix » qu’elle avait conçue avec Otto Freundlich. En 1951 elle présente une série de compositions datées de 1926 à 1951. En 1952 ce sont des compositions murales, une cloison mobile sur roulette, des sculptures en bas-reliefs. Sociétaire du Salon en 1953, elle y présente les compositions « Rythmes cosmiques » et « Entre ciel et terre ». En 1955, dans les Cahiers des Réalités Nouvelles, la reproduction d’une cloison mobile est accompagnée de la citation d’Otto Freundlich : « Car ne dure que ce qui surpasse l’individu et son époque ».
Gros plan sur la première affiche du SRN dans l'atelier de Jeanne Freundlich. |
Au-delà de sa propre œuvre, elle défend la mémoire de son mari dont elle prend officiellement le nom de Jeanne Freundlich, après avoir obtenu le divorce en 1958 et pris la nationalité française en 1948. Avec Jean Arp et Sonia Delaunay, elle crée l’association « les amis d’Otto Freundlich » pour aider les artistes « de tous les pays, sans distinction de race, de classe, de religion et de nationalité. Elle aidera des inconnus de talent à surmonter les difficultés de la vie ».
Composition Gouache sur papier |
L’association rebaptisée «Les amis de Jeanne et Otto Freundlich» s’associe à la donation Freundlich au musée de Pontoise, donation qui comprend un ensemble de ses œuvres. Cette association dépose en 2004 ses archives à l’IMEC, Abbaye d’Ardenne, Caen.
* p 46, cahiers des Réalités Nouvelles 1947, c'est une citation des notes de Otto Freundlich.