Le jury du Fonds de Dotation Piza a décerné à l’unanimité le
Prix Arthur Piza pour l’année 2013-2014 au peintre Jérôme Benitta. Ce prix consiste en un voyage au Brésil.
Le peintre Jérôme Benitta dans son atelier - courtesy VD |
Après des études d’environnement architectural, puis deux
années à la Glacière, Jérôme Benitta a obtenu le diplôme national d’expression
plastique (mention très bien) de l’Ecole des Beaux-Arts de Rennes en 2009. A
cette époque on pouvait voir aux Réalités Nouvelles de grandes compositions qui
portaient non seulement les caractéristiques de l’atelier de Martin Bissière –
abstraites, touches franches, couleurs lumineuses – mais aussi de grandes
plages sombres de brun lisse ou de vert éteint parfois coupés de traits à la
bombe fluo. Son travail était déjà orienté vers un univers composite.
Actuellement, un dessin noir, où le trait tient plus de l’entaille que de la
trace du pinceau a fait naître un monde foisonnant difficilement contenu par
les bords de la toile. Il procède de la bande dessinée, du tag, de la
publicité, de la rue, le tout mêlé à une mythologie personnelle et à des bijoux
égyptiens. Les figures s’enchevêtrent dans des damiers, se défont derrière des
pyramides, s’ensevelissent dans des murailles grises aux reflets zinzolin. C’est
déconcertant. On cherche la sortie. On ne peut pas : l’œil reste coincé au
détour d’une feuille en forme de fer de lance qui troue un camaïeu de bleu
d’une tendresse ahurissante, dérape sur le jaune hurlant des joues d’un lion-soleil,
percute les ailes oranges d’une chauve-souris, s’accroche aux éclats d’un blanc
laiteux des mâchoires d’une panthère hiératique. On ne veut finalement plus
quitter ce voyage.
Parallèlement à la peinture, Jérôme Benitta sculpte de
lourdes plaques de bois qu’il enduit de peinture noir brillant pour les presser
sur des papiers jaunes. L’incision le taraude. Il travaille actuellement sur
des dessins au trait d’une finesse minutieuse. Il va les tatouer.
Virginie Duval