Comédie belge, "L'Art d'être heureux" décrit les tendres mésaventures d'un plasticien-professeur d'art bruxellois Jean-Yves Machon (Benoît Poelvoorde), miro derrière ses lunettes - mais "qui interroge le voir" en proie à une crise existentielle entre son art du vide, dont il est une figure clé reconnue localement et mondialement méconnue (Il a quand même exposé au Centre Pompidou) et son désir de renaissance picturale. Il erre post-conceptuel entre Marcel Broodthaers et Marcel Duchamp, verbalisant son attitude en une tabula rasa, faire table rase et rêvant de repartir à zéro à 60 ans, pour (se) peindre à nouveau une nouvelle vie. Donc il part en DS break vers le sud, la Normandie et s'arrête en Picardie à Mers-les-bains - Mais c'est pas la Normandie, mais su-pu être, ça y ressemble - où il loue une maison soucoupe vintage tout droit sortie des avants-gardes des années 60, genre de maison Futuro, un peu fatiguée, en haut de la falaise au bord du vide. Là il rencontre une bande d'artistes peintres marginaux, naïfs, bruts et post-impressionnistes (Gustave Kerven alias Bagnoule au look de Monet grolandais) qui tente de vivre le temps présent sans soucis du lendemain, une galeriste du Touquet (Camille Cottin alias Cécile Fouasse) un peu braque, qui travaille sur Bruxelles - en chambre - et souhaite ouvrir une galerie à Honfleur, et dont le mari chirurgien-esthétique (François Damiens), homme jaloux pense avoir perdu son accent bruxellois pour mieux s'intégrer localement. La satire est tendre et pour une fois au cinéma, sans mépris pour aucun des artistes, qui sont, chacun, à la fois ridicule et sincère dans la poursuite de leurs rêves contradictoires face aux injonctions de succès de la société. Le réalisateur Stefan Liberski, diplômé en histoire de l'art, Benoît Poolvoerde diplômé en graphisme, Marine Dandoy, diplômé en restauration de tableaux, construisent un film mélancolique et drôle, débordant de références picturales et conceptuelles amoureuses, film par trop d'étudiants et véritable œuvre d'art contemporain d'un musée James Ensor qui fait tomber les masques et s'écrie Vive l'Asociale.