lundi 8 juin 2020

De la foire en quarantaine...

Les nouvelles du monde de l'art se ressemblent,  la dernière étant l'annulation de la plus grosse foire d'art contemporain au monde Art Basel 2020, après avoir été reportée de juin à septembre, et après l'annulation de Art Basel Hong Kong en février pour la même cause le coronavirus, est reportée en juin 2021. Mais Art Basel se tiendra virtuellement du 19 au 26  juin. A New York, la Frieze a eu lieu elle aussi virtuellement. Art Paris a connu le même sort, reportée de mars à mai puis annulée pour pandémie puis devenue 100% numérique.  Evidemment les collectionneurs faisant partie des populations dites à risque, il est peut probable qu'ils aient envie de prendre l'avion, en admettant qu'ils le puissent avec les quarantaines en quatorzaine imposées à l'arrivée et au retour. Plus de collectionneurs chinois, plus d'experts américains ou de galeries anglaises... donc plus de foire ! Cependant devant leurs écrans, les amateurs peuvent faire leurs choix et nous simples passants nous pouvons passer notre tour avec l'oeil amusé d'un drosophile.
Les sites dédiés ressemblent pour l'essentiel à de gros catalogues un peu obèses tant ils sont pourvus d'informations. Référencement des galeries, des artistes, des œuvres, chacun ou chacune étant dûment indexé. Les œuvres s'ouvrent en vignette sous lesquelles les prix apparaissent (ou pas du tout) sous  forme de fourchette (entre 5000 et 10000 euros par exemple) et sont donc à demander à la galerie par mail/contact par le client potentiel. La circulation d'une page à l'autre est souvent difficile, voire lassante par sa dimension répétitive. Pour Art Paris Digital, produit par Art Sy, chaque galerie a sa visite virtuelle en 3D à 360° dans son lieu physique habituel, en maquette d'architecte de la boutique, et du stand dans un Grand Palais virtuel. En fait ce type de site virtuel présuppose que l'on sache ce que l'on cherche artiste ou galerie, que l'on ait un nom. La recherche est nominative par mots-clés et centrée sur une galerie, on ne va pas ouvrir les 150 onglets des 150 galeries présentées de A-Z, ni les 1500 onglets des noms d'artistes référencés de A à Z.  Il n'y a pas de recherches aléatoires, qui puissent permettre de se laisser surprendre comme peut l'offrir Instagram. Aussi des choix de curateurs viennent ouvrir des perspectives "un regard sur la scène française" par Gaël Charbau ou Carolina Grau  "Etoiles du Sud : une exploration de la péninsule ibérique", on adjoindra des programmes divers comme Promesses, Solo Show qui tentent de structurer la présentation d'ensemble autour de la jeune création ou des expositions personnelles référencées dans la foire. Le site est donc d'abord un programme qui tente de présenter un événement qui n'existe pas, et c'est bien là que le bâts blesse. Ce type de présentation fonctionne en archive d'une visite réelle, mais difficilement comme foire virtuelle, bien que ces visites virtuelles soient ouvertes pour la durée de la foire réelle. Pour pallier cet inconvénient la Biennale Paris, qui devait avoir lieu en septembre 2020  et elle-même reportée en septembre 2021, s'associe avec Christie's pour organiser 10 jours de ventes en ligne du 10 au 21 septembre 2020. Le site devant devenir donc un classique site de ventes en ligne comme celui de Christie's débarrassé des visites en 3 D, centré sur les objets que les antiquaires vont vendre. Le site de la Frieze lui, se présente comme un guide de guides de foires Londres, New York, Los Angeles, Masters. C'est un super méga-blog, un journal qui ouvre des onglets sur chaque galerie sans visite virtuelle et renvoyant à l'adresse et à une photo de la façade ou de l'intérieur de la galerie et à des œuvres à choisir. De plus il associe des articles, des vidéos, des commentaires de commentaires, en plus des introductions, discours etc... propre à chaque foire qui se présente en sa spécificité. Attendons la fin du mois, du 19 au 26 juin pour voir si le site de Bâle 2020 en ligne est si different de Bâle 2019 avec ses 250 galeries leaders et ses 4000 artistes!  
A suivre... donc...