dimanche 16 décembre 2018

Tamihito Yoshikawa

La galerie Taménaga présentait pendant le mois de novembre les peintures abstraites du peintre japonais Tamihito Yoshikawa (Chiba, Japon - 1965). De grands formats de couleurs, presque  monochromes, écrasées à la taloche. Ces étirements de couleurs sont contredits par un épais empâtement qui semble flotter sur la surface laiteuse de la toile. Toiles qui dans d'autres cas sont aussi griffées ou scarifiées, toiles qui lors de ma visite n'étaient toujours pas sèches et sentaient encore l'huile s'oxydant doucement avec l'air, dans l'espace de la galerie. Ce jeu entre dilution et empâtement évoque autant Gerhard Richter et ses couleurs écrasées qu'Olivier Debré et les bords de Loire. Les titres de Yoshikawa convoque le vent, la pluie, la brise, le passage des saisons comme un appel à l'éveil des sens, d'un corps présent au monde, à la nature. Il développe dans son art une relation et une tension entre abstraction concrète du corps de la peinture (la peinture à l'huile écrasée) et nature devenue comme un concept, évoquée par un titre, un mot créant un dialogue constant d'attraction-répulsion, d'ouverture et de fermeture.  Et c'est dans les petits formats remarquables des 1, 2, des 5 F que se lit avec acuité son regard, comme saisi depuis l'intérieur du corps de l'artiste. Le regard circule avec plaisir entre le dedans et le dehors, le souple et le dur, combinant les oppositions de rythmes, entre l'accueil et le rejet.

A travers les qualités individuelles de l'art du peintre Tamihito Yoshikawa, on ressent le lien nécessaire et corporel qu'évoque, à son tour, l'architecte Tadao Ando (1941) au Centre Pompidou pour combiner l'abstraction, (sa géométrie) et la nature et dont se réclame l'architecte au travers des figures du mouvement Gutaï, celle de la revendication d'une liberté du corps et de l'esprit.

Tamihito Yoshikawa est peintre et enseignant, son œuvre est représenté dans de nombreuses collections publiques et privées en Asie.
E.Levesque