Suite de la Partie Carrée et du déjeuner sur l'herbe.... seconde partie
après #60 - Vibration[s] 1/3 ...
Une courte introduction ...
après #60 - Vibration[s] 1/3 ...
Une courte introduction ...
La Partie Carrée ou Le
déjeuner sur l’herbe
(au Parc Floral dans
l’Espace Nymphéas ?)
par
Erik Levesque
Le salon des Réalités Nouvelles est né de
l’association de deux grands mouvements, celui de l’abstraction géométrique
défendu avant la Seconde Guerre mondiale par “Cercle et Carré“ et celui
de “l’Abstraction Lyrique”, dont le nom est né à Paris au lendemain
de la Seconde Guerre mondiale pour définir une abstraction tachiste, gestuelle,
informelle dans une infinité de sous-catégories emboîtées les unes dans les
autres… dont l’énumération serait fastidieuse si nous devions la faire. En fait
les deux expressions s’apparentent à des mots-valises, ou des mots-malles, on
les ouvre et c’est la boite de Pandore de la théorie et de la critique
artistique : un régal “avec ou sans raison”.
La catégorie du géométrique, a été fondée autour
d’une mystique ascétique par le critique et artiste Michel Seuphor, dans une continuité du
constructivisme privilégiant la règle et la mesure autour d’une construction
mathématique et géométrique, héritier de Mondrian et de De Stijl.
L’expression désigne un art de la construction, de la simplification qui
peut prendre aussi les noms d’art cinétique quand on y associe des effets de
mouvements, op’art avec des jeux d’optique, minimalisme quand il est simplifié
et américain… dont les figures exemplaires peuvent être Aurélie Nemours et
Geneviève Asse.
Mouvements successifs ou parallèles et
paradoxaux, qui cohabitent tant bien que mal avec l’abstraction lyrique dans le
cadre des Réalités Nouvelles pendant 70 ans. La critique acerbe de Charles
Estienne de l’abstraction géométrique comme académisme, sclérose d’une
idéologie née avant 1914 en est un exemple frappant.
La catégorie lyrique a été définie par le peintre Georges
Mathieu en 1947, pour désigner un art qui exprime une volonté d’improvisation,
une danse, bien avant Pollock de 1949, mais sans all-over dans une sorte d’Instant Karma qui mélange geste,
happening et performance.
Le terme “lyrique”, est même utilisé dans les
années 1940 dans les ateliers new yorkais comme expression poétique débordante
du moi par une déclamation exaltée des sentiments et de la présence au monde de
l’Etre, idée qui le rapproche de l’existentialisme de Sartre. Pourtant c’est le
terme d’“Impressionnisme abstrait” qui alors s’impose à New York par
Elaine de Kooning pour définir le travail de Guston, puis le critique Lawrence
Alloway le théorise avec Riopelle et l’école de St Ives dans les années 1950 en
Angleterre. Abstraction Lyrique du Moi, développement de la conscience de ce qui
fait œuvre et de l’artiste dont le geste est compris entre "image de la trace ou
trace de l’image" chez Hartung, Schneider, Soulages ou Mathieu, comme le montre
Eric de Chassey… puis degré zéro de l’écriture pour Barthes avec Cy Twombly…
abstraction post picturale, paysagisme, dans ce qui ne se lit pas, ce qui ne
reconnait pas.
Pour Eric de Chassey, l’abstraction lyrique
héritière de Kandinsky, est le pendant de l’expressionnisme abstrait new
yorkais défini selon son inventeur Clement Greenberg comme exclusivement
héroïque et masculin. Dans les années 1970, l’abstraction lyrique décrit pour le
même Greenberg toute abstraction qui ne relève pas de la catégorie
“Expressionnisme Abstrait (Américain)”, aussi il refuse aux peintres
femmes américaines (Joan Mitchell ou Lee Krasner) et aux peintres
non-américains de les associer au groupe et à l’étiquette qu’il a créée ! J’ai
cru la première fois que je lisais l’argument féministe de l’art machiste de
Greenberg a une blague, mais non Greenberg utilise bien cet argument puritain
du dominant/dominé - masculin/féminin ! Argument qu’il utilise tel quel contre
Mathieu, lequel est associé à la grande cuisine française, féminine et
chichiteuse contre le burger roboratif, viril et américain Pollock. On va alors
préférer parler d’abstraction chaude pour désigner le lyrisme, l’empathie,
rapprochant surréalisme et abstraction, inconscient, théorie psychanalytique et
freudienne du geste pictural, et d’abstraction froide pour désigner une
approche sans touche apparente, industrielle, à la géométrisation visible et
désignée.
Ainsi voilà
présentées les différentes catégories, que Madeleine Sins et Jean-Pierre
Bertozzi proposent aux artistes des Réalités Nouvelles qui le souhaitent de
travailler à les subvertir, à les travailler contre elles-mêmes et d’interroger les genres dans lesquels chaque artiste se situe classiquement :
Abstrait ? Géométrique ? Lyrique ? Froid ? Chaud ?
à
travers trois expositions successives à la Galerie Abstract Project:
1/ - Vibration[s] #60 - Géométrico-lyriques ou lyrico-géométriques ?
2/ -
Échangisme[s]#66 - Géométriques v/s Lyriques
3/ - Complicité[s]# - Géométriques & Lyriques
Le critique Yves Michaud, dans le texte qu’il
a publié “Entre Koons et Sehgal” - dans le catalogue de l'exposition “La Belle
Vie Numérique” (2018) à l'Espace Fondation EDF à Paris et repris sur son blog,
s’interroge sur l’impact que les technologies de l’information sont en train de
produire sur l’art visuel par la réduction des œuvres au format du portable
intelligent, du PDF et du JPEG faisant de toute œuvre d’abord un fichier
numérique html inter-échangeable. Il en déplore la conséquence inévitable, la
disparition de la signification au profit des concept-valises, malles et
bateaux.
Alors comment envisager de passer de l’une à
l’autre, de ces catégories du Féminin au Masculin, du Masculin au Féminin,
dominant au dominé, XX ? XY ? XXY ? XXX ? XYY? XXXY Ou XYYY ? XXYY ?, Confusion
des genres ? Ying et Yang ? Queer ou travelo ? 69 et Kama Sutra,
toutes les positions sont possibles sens dessus dessous. A partir de l’ADN des
peintres, en développant des catégories expérimentées dans les années 1930 et 1950 le passage d’un genre à l’autre est-il une
transe d’un bio design ? D’une bio abstraction? D’une confusion génétique biomorphique ?
Eau chaude ou froide, eau mitigée !
Alors entre expressionnisme, géométrique,
lyrique et numérique, c’est à une partie carrée ou à un déjeuner sur l’herbe
que les artistes sont invités !
Ou s’agit-il de nous proposer de repartir de
zéro ?
En attendant remontons au XXe siècle et dans le
catalogue de l’exposition “les Immatériaux” de 1985, lisons ce délicieux
quatrain désuet de Jean-François Lyotard en guise d’envoi :
« Ce résultat transcrit sur
un centre serveur,
peut être consulté au C.G.Pompidou