AP #15 - TEMPO Part.1
Etudiants de l'ENSBA / édition 2015
16 décembre - 26 décembre 2015
Vernissage le mercredi 16 décembre de 18h00 à 21h00
ABSTRACT PROJECT réserve dans sa programmation une invitation faite à de jeunes artistes issus de l’école des Beaux-Arts de Paris. C’est un rendez vous annuel qui nous permettra de suivre, dans leur prise de risque, une sélection de plasticiens qui engagent leurs pratiques autour de(s) abstraction(s). Certains s’en revendiquent. Pour d’autres, la référence est une parmi d’autres.
Pour Benoit PORTA, Gaëtan DI PIZIO, Théophile STERN et Charles LE HYARIC, c’est une approche presque méditative du temps qui permet la réalisation de l’œuvre. Le temps comme rythme adopté au cours du processus de création. Le temps qui leurs permet d’être poétiquement engagés.
Si l’on se réfère à la définition qu’en donne le Larousse, le tempo correspond soit à la vitesse d'exécution d'une œuvre ou à la notation des différents mouvements dans lesquels un morceau est écrit ou exécuté. Soit et de façon littéraire, au rythme de déroulement d'une action quelconque.
Chez Benoit Porta, la question de l’entropie et de la transformation d’un état à un autre invoque à la fois le tempo du microscopique et du macroscopique. Les concrétions qu’il présente provoquent et établissent des liens entre un rythme perceptible et infini. Son travail agit aussi bien en tant que sculpture que témoin d’un temps en action.
Pour Gaëtan Di Pizio, son langage formel le rapproche naturellement de l’histoire de la peinture ; des codes qui jalonnent l’abstraction. Mais sa pratique plastique doit également à la faculté qu’il entretient d’être dans un état d’improvisation ; dans un engagement physique et ponctuel que l’on prête habituellement au musicien. Avec ses peintures, il crée des espaces autonomes qui reflètent ses processus intellectuels et émotionnels.
Les totems de Théophile Stern sont déjà création pure. La matière première de ses sculptures ayant eu d’autres fonctions dans un temps passé, son approche chaotique visible dès la collecte des matériaux « permet l’analyse de chaque chose suivant différents espaces et contextes ». Fluidité, élasticité, mouvement : on pourrait penser ses totems comme baroque ; comme le pli qui va à l’infini. Si l’on se réfère à la pensée du philosophe Gilles Deleuze sur la matière conçue par Leibniz, « il s’agirait toujours de plier, de déplier, de replier ». La multiplicité n’est pas ce qui a beaucoup de parties, mais ce qui est plié de beaucoup de façons. Les plis du monde, les plis de l’âme, les plis des organismes, les plis du corps. Les totems de Théophile Stern semblent signifier tout à la fois.
Charles le Hyaric quant à lui en appelle à cette idée que tout atome dans ses qualités se déplace de manière ordonnée. « Ce que je veux dire, c'est que tout bouge, tout le temps, tout se détériore ou se transforme avec le temps ». C’est un travail du temps, de sa trace, de ses strates. Dans cette peinture qui s’intitule « Ether », les matériaux utilisés prennent leur place de façon symbolique comme puissance poétique et spirituelle. Nous sommes face à un éther alchimique témoin de sa propre construction. Un éther porteur des forces qui font la vie. Un éther qui interroge les hommes depuis l’antiquité.
Pour ces jeunes artistes, c’est donc le système instable qu’ils mettent en œuvre dans leur travail - système qui est sensible aux conditions du matériau ou à l’attitude - qui devient aussi l’enjeu de leur pratique. Ce sont des tempos assumés qui font la genèse de l’œuvre et sa lecture par le spectateur. Un processus de création qui agit comme source de vérité poétique ; une forme de métaphysique implicite.
L’équipe AP