jeudi 3 juillet 2014

L'abstraction selon Janos Kalmar

L'abstraction

L'abstraction est un processus inhérent à la compréhension du monde, par lequel nous tentons d’appréhender les événements.
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Ce processus révèle les lois et constantes cachées derrière les événements, pouvant répondre aux questions fondamentales de notre existence : origine, finalité, devenir. « Ce n’est pas un processus primaire au sens propre du terme, puisque nous recréons ce que nous avons déjà expérimenté, simplement nous comprenons les choses sur un mode différentiel. L'abstraction dérive de cette expérience perceptive qui fait naître une réalité secondaire, autrement plus intense. Il s’agit d’un processus de réécriture du monde appréhendé par les sens, qui établit un lien avec ce qui, dans l’opinion générale, n’est autre que le monde perçu »[1]

L’abstraction résulte d'une capacité à visualiser des notions en faisant appel à des symboles. Elle rend possible la représentation de celles-ci par une mise en corrélation avec nos croyances. Elle présuppose que les réponses à nos questions sont impossibles à définir par la seule représentation mimétique de la vision que nous avons de notre environnement. « Elle ne coïncide pas avec ce qui est visible, elle crée plutôt sa propre visibilité. Par conséquent, selon Klee, c’est par l’art que nous apprenons à voir ». [2] Lorsque la figuration diffère de la représentation exacte de la réalité sensorielle, et que sont modifiés ou abandonnés certains éléments de celle-ci, le processus d'abstraction devient palpable. Selon les lois naturelles de proportion du monde visible, l'abstraction constituerait une perte. A la place de la représentation mimétique, de la perspective basée sur la symétrie établie à la Renaissance, l'abstraction reflète, par le biais de ce manque, les correspondances cachées de la représentation du réel. L’abandon partiel des lois naturelles de proportion de la réalité palpable est généralement ressenti par le spectateur comme un manque, une imperfection. Cette forme d’absence est le champ qui sépare la représentation de la perception du réel. N'étant pas nécessairement semblable à la réalité, l’œuvre fait son premier pas vers l’abstraction. « Cette tendance à l'abstraction soustrait en quelque sorte l’œuvre au flux des événements, elle l'élève, la libère de toute incidence, ce qui la rend autonome », comme l’indique Worringer dans son livre.[3]

L'œuvre d'art, par le processus d'abstraction, participe de la sacralité du monde alors même que, de nos jours, cette dernière est reléguée au second plan. La question est de savoir si aujourd'hui « nos sociétés post-traditionnelles fondées sur le discours, peuvent vraiment passer outre la logique du marché. Le fait que les personnes (avant tout échange ou rapport de forces) soient responsables les unes des autres a-t-il encore un sens à nos yeux, dans une société où « le concept de sécularisation... dénote un processus de décalage/d’écartement, qui éloigne la culture laïque de ses origines sacrées ?[4]
L'art est lié au créateur et au spectateur, sur lequel il a un impact. Ainsi que Belting le souligne : « il (l’art) fonctionne de par l’usage qui en est fait. Contrairement à l'art, la technique ne nous donne pas la possibilité d'interpréter. Les médias créent un monde d'apparences, dépourvu de réalité physique et spatiale. Il s’agit d’un phénomène global qui ne nécessite aucune expérience culturelle personnelle.
A partir du moment où, dans cette course à l'innovation, les artistes veulent créer avec les outils que leur offrent ces différents médias et techniques, le rôle du sacré nous apparaît des plus essentiels.
                                                                                                    Janos Kalmar    

Né à Budapest le 23 Juillet 1952. Il fait ses études á Varsovie sur l'Académie des Beaux Arts et á Budapest sur l'Université des Beaux Arts entre 1973 et 1978. Depuis 2008 il vit et travaille entre Paris et Budapest. Il a exposé au Salon des Réalités Nouvelles 2013 et est annoncé pour 2014. 




[1] Béla Bacsó: Lettre a János Kalmár, 26.11.2013
[2] Béla Bacsó : Lettre a János Kalmár, 26.11.2013
[3] V.ö.W.Worringer, Abstraction und Einfühlunk, Kiepenhauer Verlag 1981.p.87
[4] Béla Bacsó: Auto-portrait, edition Kijárat 2012, p.26