L’ART GÉOMÉTRIQUE : EST-IL MAL AIMÉ
(OU MAL COMPRIS) EN FRANCE ?
Bien
que les manifestations du même genre (expositions, salons, biennales) se
multiplient ces derniers temps, une question persiste : l’Art Géométrique
est-il mal aimé, ou plutôt mal compris, en France ?
Les admirateurs, sensibles à cet art réduit aux figures régulières et aux signes qui ne sont pas étrangers aux esprits mathématiques, ne manquent pas, mais ce public averti reste très minoritaire. Déjà l’Abstraction, en tant que mouvement avant-gardiste le plus radical, a eu du mal à être apprivoisé. Quelques rares artistes qui ont œuvré dans ce sens entre les deux guerres ont tardé à être reconnus et surtout compris. On a dû attendre l’an 2010 pour que le MNAM consacre une rétrospective d’envergure à l’un des pionniers de l’Art Géométrique, Piet Mondrian, qui a pourtant bien développé son art à Paris, sa nouvelle plasticité, avant de partir pour les Etats Unis en 1938.
Les admirateurs, sensibles à cet art réduit aux figures régulières et aux signes qui ne sont pas étrangers aux esprits mathématiques, ne manquent pas, mais ce public averti reste très minoritaire. Déjà l’Abstraction, en tant que mouvement avant-gardiste le plus radical, a eu du mal à être apprivoisé. Quelques rares artistes qui ont œuvré dans ce sens entre les deux guerres ont tardé à être reconnus et surtout compris. On a dû attendre l’an 2010 pour que le MNAM consacre une rétrospective d’envergure à l’un des pionniers de l’Art Géométrique, Piet Mondrian, qui a pourtant bien développé son art à Paris, sa nouvelle plasticité, avant de partir pour les Etats Unis en 1938.
Il
y a aujourd’hui très peu de galeries en France consacrées à l’Art Géométrique,
à l’Art Construit, à l’Art Concret : la Galerie Denise René, dont le rôle dans
l’intégration de l’Art Géométrique et Cinétique est déjà reconnu
historiquement, la Galerie Lahumière, la Galerie Gimpel&Müller, la Galerie
Cour Carré ou l’espace ParisCONCRET, tous situés à Paris. Et bien que les
collections des Musées Nationaux possèdent des œuvres de l’Art Géométrique, ces
oeuvres ne sont pas présentées de manière à susciter une idée de l’importance
de ce mouvement, devenu depuis longtemps une référence historique. De plus, à
l’exception de l’Espace de l’Art Concret à Mouans-Sartoux (Donation
Albers-Honegger), aucun musée en France, ni aucune institution, n’est consacré
entièrement à l’Art Géométrique, comme c’est le cas en Allemagne (Musée d’Art
Construit à Ingolstadt, ZKM à Karlsruhe), en Suisse (Museum Haus Konstruktiv à
Zürich), en Hollande (Mondriaanhuis - Museum voor Constructieve en Concrete
Kunst à Amersfoort), aux Etats Unis (Museum of Geometric and Madi Art à Dallas) ou au Japon (Musée
Satoru Sato de Tome), pour ne citer que quelques exemples. Est-ce que la
volupté baroque et les délices de la légèreté de l’être - même quand cette
légèreté est « profonde » - bien enracinés dans la tradition française, l’emportent
toujours sur la rigueur, la sobriété et l’austérité de l’œuvre géométrique? Pourtant, dans le même temps, la nouvelle ère numérique
nous a habitués à observer le monde à travers les chiffres et nous a également
familiarisés avec la panoplie du virtuel composée principalement de figures
géométriques.
Il
existe actuellement, chez les adeptes de l’Art Géométrique, en dehors d’un écho
lointain de l’enseignement de l’école du Bauhaus, une nouvelle sensibilité, une
ouverture d’esprit qui cherche à s’exprimer dans les arts plastiques,
l’architecture ou le design, en réunissant aussi bien les pouvoirs émotionnels
que les données scientifiques, et en menant inéluctablement vers l’œuvre, tant
rêvée, d’un art total. L’art a depuis longtemps dépassé le besoin de
représenter les choses. Il crée un univers propre à lui. Les outils
géométriques ne sont que les moyens spirituels pour construire ce nouveau
monde. L’intelligence des sens ne doit pas nécessairement passer par les
mécanismes rationnels. Les objets géométriques ou mathématiques les plus
abstraits peuvent devenir la source des émotions esthétiques les plus nobles.
Dans
la richesse de la scène artistique en France, il semble que l’Art Géométrique
n’ait pas encore la place qu’il mérite. Puisse la présente exposition combler
en partie ce manque et offrir un vrai sujet de réflexion.
Milija
BELIC
Commissaire
de l’exposition « Carrément »
Exposition du 12 au 27 avril 2014
Vernissage le mardi 15 avril 2014 de 18h à 21h