L’Hommage à KNEZ (1923-1992) par Caroline Lee sculptrice.
Knez nous a quittés le 8 Mars 1992. Caractère fort, âme
forte, un mélange d’inventivité, d’intellectualité et de spiritualité, liées
par un humour distancié sur les êtres et les choses, il occupait une place
unique dans le cœur de ses amis. La sculpture absorbait toutes ses forces
vitales. Autant il était perfectionniste pour la sienne, autant il était
attentif à celle des autres. Son sens des difficultés de l’état de sculpteur le
rendait profondément généreux dans ses échanges avec ses confrères. La
reconnaissance de son honnêteté et de son enthousiasme le fit appeler au comité
des Réalités Nouvelles en 1973.
Radivoye Knezevic naquit à Belgrade en 1923 dans une famille
d’universitaires. Très jeune, il suivit des cours de mathématique et de
physique, ainsi que de peinture. Sa bipolarité scientifique et artistique a
caractérisé sa vie de créateur.
Pendant la seconde guerre mondiale, l’occupant ayant fermé toutes les
écoles, sauf les Beaux-Arts, ce fut tout naturellement qu’il entra à l’Académie
de Belgrade, dont il fut diplomé en 1948. Il commença à exposer en 1951 à
Belgrade et Novi-Sad.
Après un voyage d’étude en Italie en 1952, il s’installa en
France en 1953 poursuivant son
étude de la peinture monumentale dans l’atelier de Ducos de La Halle à l’école
des Beaux-Arts de Paris. En dehors de séjours en Yougoslavie, notamment pour le
symposium de Véla-Lukà en 1970 et 1971, sa vie fut désormais liée à Paris.
Sa connaissance de la technique de la fresque, son intérêt
pour les matériaux naturels rencontrés en Corse, où il se retirait pour peindre
et vivre près de la mer qu’il aimait tant, l’amenèrent à abandonner la peinture
figurative pour une expression abstraite informelle. Il composait alors des
paysages poétiques rares : le sable, le cuivre, l’étain, le plomb, des
clous étaient à la fois couleurs et formes de sa palette, devenue sombre et
métallique. Peu à peu, ces matériaux provoquèrent la déformation des surfaces,
chargeant les minces contreplaqués d’un volume bombé, en déformant le
rectangle, menacé d’éclatement.
Son engagement dans la sculpture était devenu
inévitable.
De 1964 à 1967, Knez produisit une série de sculptures en
bronze pour la galerie Michel Cachoux, utilisant la technique, toute nouvelle
alors, du polystyrène perdu. En outre, il incorporait dans le bronze des
cristaux bruts, des ammonites fossiles ou d’autres pierres rares, conférant à
ses œuvres , ce sel particulier, dû à son aptitude littéraire. A partir de
1968, il ne cessa d’élargir sa technique du bronze, aux bois tropicaux, à
l’acier inoxydable, pour enrichir des formes devenues plus organiques, mais qui
dans le contexte abstrait qui était définitivement le sien.
Nourri du souvenir des tours isolées et des phares de la
côte corse, des formations immuables du basalte, son intérêt se déplaça de
l’organique à de l’architecturé, vers des paysages fortifiés, des donjons
immobiles, construit par l’homme pour abriter sa méditation. Ce fut à
Port-Bacarès en 1970, avec un totem en bois en bois d’Irocco de huit mètres de
haut, que Knez s’épanouit dans la sculpture monumentale. Son aptitude pour la
grande échelle se confirma quand il fut en 1971,
co-lauréat du concours pour une fontaine monumentale, organisé par la Caisse
des Dépôts et Consignations. D’autres commandes ont suivis, parmi les plus
récentes en 1988-1990 : Pour France-Télécom, à Vitry Le paratonnerre, une colonne pour un groupe scolaire avenue de
Choisy. Il n’a jamais interrompu sa participation aux expositions et aux Salons. Certaines de ses oeuvres ou
projets monumentaux ont été acquis par le Musée d’Art Moderne de la Ville de
Paris, le Musée Véla-Luka en Yougoslavie, le futur Musée du Dessin du
Val-de-Marne. Il est également représenté dans des collections particulières en
Europe et aux Etats-Unis.
Une vie de travail, dont les sculptures ont marqué comme des
phares les étapes vers cette clarté éblouissante qui était au bout de la vision
de Knez.
Caroline Lee.
Caroline Lee est une sculptrice américaine née en 1932 vivant
à Paris. Knez était son homme.