lundi 23 avril 2012

Jean Pierre Bertozzi et François Réau exposent à la galerie No Smoking de Strasbourg

Jean-Pierre Bertozzi présente ses oeuvres où comme le dit Christine Gasperoni :


" Des plans se confondent, se rythment en apparitions qui disparaissent et nous entrainent vers un questionnement. Des états d’âme se cachent, jaillissent, se révèlent par transparence. Ou avec évidence. Le regard aime se perdre dans cette densité par un cheminement intérieur propre où la toile réfléchit, se réfléchit, dialogue pour retrouver l’unité face aux contradictions. 
A l'aube d'une pluie boréale
L’émergence de l’insondable temporalise la structure de l’œuvre. Des lignes sertissent l’espace, donnent un cadre fini pour mieux en appréhender le mouvement sous-jacent vers un infini. L’œil, absorbé par l’immobilité mouvante des grandes masses, glisse peu à peu vers la quête de sensibilités comme un passage révélateur de l’intime. De l’apparence diaphane naît ce passage, l’entre. L’ambivalence de l’opposition se fracture en interrogation pour mieux nourrir la poétique de la profondeur du détail. De ces strates accumulées surgissent l’essentiel d’une émotion, la sédimentation de la pensée, la cristallisation du sentiment. De cette quête d’authenticité, par touches successives, la toile devient vibration". 



François Réau (RN 2012) joue d'une palette réduite presque monochrome. Son oeuvre faite de dessins épurés en filigranes à la mine de plomb, graphite et à la craie grasse forment une écriture acérée qui semble bouger  sur la texture et la teinte du papier. De ces process naissent des contrastes que le spectateur peut interpréter comme autant de paysages latents.


Jean-Pierre Bertozzi et François Réau exposition à la Galerie No-Smoking du 27 avril au 26 mai 2012, 19 rue Thiergarten - 67000 Strasbourg


Le Métier d'Artiste, un métier ?

Article amusant et amusé de Harry Bellet dans le Monde du 20 avril 2012 sur les millionnaires de l’Art… qui ne sont pas des milliardaires  dans la liste de Forbes ! Prenant exemple de la rétrospective de Damien Hirst à Londres  (payé par le  Quatar - que ne ferait-on sans eux depuis que les oligarques russes se cachent !?!) Harry Bellet s’interroge sur le statut professionnel des artistes se faisant ainsi l'écho du débat sur le métier d’artiste  colloque organisé au Sénat par la Maison des Artistes le 30 mars dernier et par la revue area)revue( qui consacre un numéro au métier d’artistes. Harry Bellet semble y découvrir la maison de retraite des artistes de Marne-la – Vallée à la manière de celle des comédiens de Couilly-Pont-aux-Dames vu par Duvivier dans la Fin du Jour (1939) !



En fait il faut rappeler avec Harry Bellet que les artistes (en France) sont des auto-entrepreneurs qui payent leur part patronal, leurs charges sociales, retraite, CSG, TVA et tout le toutim … à travers la Maison des Artistes ou une autre association représentative sur la déclaration de leur bénéfice net. On rappellera  aussi que les contrats d’exclusivité tel qu’ils étaient pratiqués dans les années 1920 ou 1930 entre une galerie et un artiste sont aujourd’hui assimilés à du salariat et qu’ils ont en conséquence disparu de la scène française ! Il n’y a donc plus d’écuries d’artistes  alors qu’il existe pour les grands sportifs des contrats de sponsoring à durée déterminée ! Ainsi le contrat qui liait Francis Bacon à sa galerie : Bacon peignant et l’oeuvre revenant de droit à la galerie qui assure à l’artiste le gîte et le couvert de tous ses frais par un  revenu mensuel serait considéré comme un salaire ! Aujourd’hui en France un artiste travaille en dépôt avec des galeries entre 50% ou 75% de remise du prix public. Il est un fournisseur singulier. Dans les pays anglo-saxon la norme reste à 40%. Un artiste plasticien touche en fait des droits d’auteur. Seul 1,5% des artistes affiliés à la maison des artistes gagnent plus de 100000  euros annuels, ce qui représente environ 500 personnes, et 50 % des 48500 assujetis gagnent moins de 8500 Euros et nombreux sont ceux qui sont au RSA !

Harry Bellet lui décrit des artistes dits "millionnaires" anglo-saxons et japonais qui travaillent avec des assistants (150 pour Hirst, 125 pour Koons, 100 pour Murakami …) dont les ateliers sont des PME au CA pas si impressionnant ramené au nombre d’employés : 3, 4 millions d’euros annuels pour Murakami pour une fortune estimé à 100 millions d’euros !   De plus la société Kaikai KiKi Co.Ltd (cela ne s'invente pas) de  Murakami aurait perdu 60% de son CA avec la crise de 2008 ! Son CA étant essentiellement effectué par la vente de lithographies et celui de Damien Hirst serait augmenté par la mise en place de boutiques de merchandising et d’investissements immobiliers .
Fort justement Harry Bellet rappelle aussi que la fortune de certains artistes s’est faite non pas grâce à la vente de leur art mais par la spéculation immobilière autour de la vente et la revente de leurs ateliers successifs.  Ainsi on peut retrouver sur le site américain Bouin artinfo les artistes les plus « wealthy » (à l’aise) du moment : Le peintre Brice Marden posséderait un immeuble à New York et un atelier sur une  île en Grèce et le sculpteur Anish Kapoor deux immeubles à Londres…  idem pour les peintres  Jasper Johns ou Julian Schnabel, rien de neuf depuis que De Kooning a acheté son atelier avec la vente de son « Pollock » !!! D’ailleurs le défunt Cy Twombly ne  laisse t-il pas un héritage de 1,2 milliard de dollars en immobilier, tableaux, placements financiers et comptes divers et variés mais il semble, au dire du fisc italien, avoir oublié de payer ses impôts sur une quarantaine de toiles. La vie d’artiste est un marché à terme !

La question du statut professionnel des artistes est donc complexe. La maison des artistes ne s’occupe pas que des artistes « traditionnels » mais aussi des graphistes, des décorateurs, illustrateurs, designers qui sont souvent les mêmes !!!

Les revenus des artistes sont donc de fait des droits d’auteur 50% en galerie du prix de transaction et 6% en salle des ventes en France. Mais fondamentalement le second marché  leur échappe complétement en particulier dans les pays anglo-saxons ou le droit de suite n’existe pas ! Ainsi « Lullaby Spring » vendu 19,2 millions de dollars à Londres, n’a pas rapporté un centime à Damien Hirst ! Il se trouve que la plus part des artistes professionnels ont donc un second métier ou peut-être un premier par exemple professeur d’arts plastiques, ou banquier ou trader (Jeff Koons était trader en coton et on ne voit pas pourquoi il n’aurait pas continué à pratiquer des placements de bons pères de famille !)  …. Dubuffet n’était-il pas marchand de vin !!!!  

La situation des artistes est donc analogue à celle des écrivains, des cinéastes qui pour l’essentiel sont journalistes, professeurs, diplomates, éditeurs ou comme Francis Ford Coppola viticulteur… 
Mais l’artiste le plus professionel semble être le taggeur David Choe, qui a décoré contre quelques actions le hall d’une start-up naissante Facebook, aujourd’hui sa fresque vaudrait 200 millions d’euros…. Bravo l’Artiste !
Là aussi Internet change la donne !