mercredi 20 novembre 2024
lundi 11 novembre 2024
Andreas Spitteler répond au questionnaire des Réalités Nouvelles
Can you briefly describe what you do ?
Je travaille la sculpture / installation et le dessin. C’est un travail sur et avec l’espace même, le milieu (Umwelt), avec l’environnement dans lequel nous évoluons. L’intention est de stimuler la conscience et de renforcer notre rapport sensible à cet espace avec lequel nous sommes dans un échange de flux permanent. Le récipient est un élément qui revient très souvent ; recevoir / reverser, émettre - le bord étant le point de bascule critique d’un passage, d’un échange ; la séparation entre deux milieux, ici et ailleurs. La thématique de « L’Horizon » c’est imposé depuis longtemps. J’ai commencé la sculpture avec la pierre et ensuite la céramique. Actuellement j’utilise le plâtre qui permet des formes quasi illimitées. Mais aussi divers matériaux simples (pauvres) naturels comme le bois, des fibres, le papier et le carton. Des installations et objets qui utilisent la lumière du jour occupent une place spécifique, mais argumentent les mêmes sujets ; un flux qui traverse l’espace et qui nous enveloppe … Le dessin pour moi, inséparable de mon travail de plasticien, se déverse en un paysage vers nous (le regardeur). C’est un flux visuel qui traverse l’espace en continu et se déverse dans nos yeux tant que nous regardons (« boire le dessin »). Ce flux nous enveloppe comme la lumière et nous révèle notre environnement.
« Entonnoir-Oculus » 2018 124 H. x 164 L. cm – encadré |
Qu'est-ce qui vous motive pour créer ?
What drives you to make work ?
L’acte de créer (-de tout) est en soi une immense satisfaction. Un dessin, une installation ou une sculpture est pour moi une nécessité afin de pouvoir exprimer, visualiser mes pensées, mes sentiments ; c’est indispensable pour exister. C’est d’être un filtre / membrane absorbant le monde autour de moi. Et le restituer en une chose, témoin d’un instant. Pouvoir partager mon travail et avoir un retour des autres personnes est doublement motivant.
Pouvez-vous nous parler de votre pratique au jour le jour ?
Can you tell us something of your day-to-day practices ?
Pas de régularité. Au travail artistique, d’autres occupations s’ajoutent. Les deux doivent s’adapter selon la priorité du moment. Le dessin se fait de manière spontané, tandis que les installations ont besoin d’être élaborées, surtout techniquement. Le projet est donc souvent conçues en avance, attendant son opportunité d’être réalisé.
« Flow » 2024 encre sur papier, 21x14,8 cm |
Depuis quand travaillez-vous de cette manière ?
How long have you been working in that way ?
Depuis toujours
Quels sont les artistes qui vous ont le plus influencés ?
Which artists have had the greatest affect on your work ?
Don Judd, James Turrell, Joseph Beuys, et tant d’autres ...
Qu'est ce qui en dehors des arts visuels fait évoluer votre travail ?
What outside of visual art informs your practice ?
Le regard sur le monde, des questions actuelles.
« Horizon » 2024, Land Art Festival Grindelwald-CH bois, (branches verticales insérées dans des troncs horizontales) 1,60m haut, 12m large env. |
Comment souhaitez-vous que le public recoive votre travail ?
How would you like people to engage with your work ?
Pas uniquement en tant qu’objet esthétique. Je souhaite que le public reçoit le message de mon travail, qui est aussi, à ma façon et modestement, un engagement dans la société.
Qu'est ce qui vous passionne actuellement ?
Have you seen anything recently that has made an impression ?
L’art en général, mais aussi fabriquer des objets utilitaires, la rénovation de notre maison, la cueillette sauvage, … (La question en anglais signifie pour moi : quelque chose qui vous a marqué récemment.)
Un grand éboulement rocheux en montagne, défigurant tout un paysage, qui a évité la plupart des maisons de deux villages, mais a fait toute de même 3 victimes mortels ...
Dans quel sens selon vous doit évoluer l'art abstrait ?
In your opinion, how should be the future abstract art evolution ?
A mon sens il n’y a pas un mais des arts abstraits ; plusieurs évolutions possibles.
mercredi 6 novembre 2024
mardi 5 novembre 2024
L'art d'être heureux...
Comédie belge, "L'Art d'être heureux" décrit les tendres mésaventures d'un plasticien-professeur d'art bruxellois Jean-Yves Machon (Benoît Poelvoorde), miro derrière ses lunettes - mais "qui interroge le voir" en proie à une crise existentielle entre son art du vide, dont il est une figure clé reconnue localement et mondialement méconnue (Il a quand même exposé au Centre Pompidou) et son désir de renaissance picturale. Il erre post-conceptuel entre Marcel Broodthaers et Marcel Duchamp, verbalisant son attitude en une tabula rasa, faire table rase et rêvant de repartir à zéro à 60 ans, pour (se) peindre à nouveau une nouvelle vie. Donc il part en DS break vers le sud, la Normandie et s'arrête en Picardie à Mers-les-bains - Mais c'est pas la Normandie, mais su-pu être, ça y ressemble - où il loue une maison soucoupe vintage tout droit sortie des avants-gardes des années 60, genre de maison Futuro, un peu fatiguée, en haut de la falaise au bord du vide. Là il rencontre une bande d'artistes peintres marginaux, naïfs, bruts et post-impressionnistes (Gustave Kerven alias Bagnoule au look de Monet grolandais) qui tente de vivre le temps présent sans soucis du lendemain, une galeriste du Touquet (Camille Cottin alias Cécile Fouasse) un peu braque, qui travaille sur Bruxelles - en chambre - et souhaite ouvrir une galerie à Honfleur, et dont le mari chirurgien-esthétique (François Damiens), homme jaloux pense avoir perdu son accent bruxellois pour mieux s'intégrer localement. La satire est tendre et pour une fois au cinéma, sans mépris pour aucun des artistes, qui sont, chacun, à la fois ridicule et sincère dans la poursuite de leurs rêves contradictoires face aux injonctions de succès de la société. Le réalisateur Stefan Liberski, diplômé en histoire de l'art, Benoît Poolvoerde diplômé en graphisme, Marine Dandoy, diplômé en restauration de tableaux, construisent un film mélancolique et drôle, débordant de références picturales et conceptuelles amoureuses, film par trop d'étudiants et véritable œuvre d'art contemporain d'un musée James Ensor qui fait tomber les masques et s'écrie Vive l'Asociale.